Fukushima : un tsunami de désinformation
Le 11 mars 2011, le tremblement de terre le plus violent de l’histoire du Japon, suivi d’un tsunami gigantesque, frappe la côte Est du Japon. Il provoque directement la mort ou la disparition de près de 20.000 personnes, ainsi que des dégâts considérables, notamment dans des centaines de milliers de logements et dans des centaines d’installations industrielles, pour un coût total supérieur à 200 milliards d’euros.
Parmi les dégâts, il y a l’inondation de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, qui provoque l’interruption des pompes de refroidissement et, subséquemment, une fonte partielle de trois des six réacteurs et des émissions radioactives. Deux travailleurs meurent noyés. Plus tard, quelques travailleurs sont superficiellement brûlés par des radiations et un travailleur de 60 ans décède d’une crise cardiaque.
150.000 habitants des zones ayant reçu des radiations sont évacués, souvent par simple mesure de précaution. En effet, la radioactivité dans la plupart de ces zones n’a jamais dépassé la radioactivité qui existe naturellement dans des villes comme Ramsar (en Iran) et Guarapari (au Brésil), où l’on vit très bien, avec curieusement moins de cancers qu’ailleurs.
Ces évacuations forcées ont provoqué des traumatismes psycho-sociaux importants (dont au moins un suicide) et ont précipité le décès de quelques dizaines de personnes fragiles (malades, cardiaques, personnes âgées…).
Mais qu’en est-il des conséquences des émissions radioactives ?
Dans l’océan, l’accident aura déversé 10 à 20 trillions de becquerels(1) de radioactivité… ce qui paraît beaucoup mais est insignifiant par rapport aux 8 milliards de trillion becquerels naturellement présents dans le Pacifique : c’est l’équivalent de rajouter une goutte d’eau dans une petite piscine ! Et si dans certains poissons pêchés près de la centrale, la radioactivité a été supérieure à la norme japonaise (100 becquerels/kg), il faut savoir que celle-ci est plus sévère que la radioactivité naturelle des bananes (130 becquerels/kg) !
L’ONU le confirme, l’accident nucléaire de Fukushima n’a fait aucune victime. Pourquoi la presse n’en a-t-elle pas parlé ?
Les résultats les plus récents sur l’accident de la centrale de Fukushima-Daiichi du Comité Scientifique des Nations-Unies pour l’Étude des Effets des Rayonnement Ionisants (sigle anglais UNSCEAR(2)) concluent que :
« Aucun décès, aucune maladie grave ayant un lien avec des radiations n’a été observé parmi les travailleurs et l’ensemble de la population à la suite de l’accident de Fukushima »
« Aucune conséquence perceptible des radiations n’est à prévoir parmi le public exposé ou ses descendants ».
Le document de base est l’Annexe Scientifique du Volume I du Rapport de l’UNSCEAR (300 pages). Il est l’œuvre de plus de 80 experts de 18 pays, et a été approuvé par l’Assemblée Générale des Nations Unies fin 2013. Il est disponible en ligne en anglais. Il fut discuté lors de la soixantième session de l’UNSCEAR, tenue à Vienne du 27 au 31 mai 2013 qui a réuni environ 150 spécialistes de 27 pays, en présence d’observateurs d’organisations internationales comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de son Agence Internationale de Recherche sur le Cancer, ainsi que l’Organisation Mondiale de Météorologie(OMM).
Fin 2015, l’Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé une résolution dans laquelle elle se félicite de la compétence et de l’impartialité du Comité et a demandé que les résultats de ses travaux soient diffusés dans le public.
Outre les principales conclusions énoncées ci-dessus, le rapport traite en détail des risques possibles. Pour la leucémie et les jeunes enfants, il indique :
« Considérant les expositions et les risques, ainsi que l’importance du groupe concerné, aucune augmentation [des cas de leucémie] ne sera susceptible d’être décelée » (p.79 §177).
Même conclusion pour les cancers du poumon et ceux de la thyroïde dans la population concernée : leur nombre ne sera pas affecté de façon suffisante pour que l’effet de l’accident apparaisse.
Vingt-trois types de cancers ont été examinés pour parvenir à cette même conclusion : pas d’impact prévisible à attendre de l’accident de Fukushima.
Cela ne signifie pas que des accidents du travail (chutes…) ou des accidents cardiaques ne soient pas survenus pendant l’irruption du tsunami dans la centrale ou durant les travaux ultérieurs, mais les quelques décès correspondants n’ont pas de rapport avec le fait que la centrale de Fukushima-Daiichi soit nucléaire.
Malgré des hypothèses de travail pessimistes, les conclusions de l’UNSCEAR sont que « l’accident de Fukushima n’a fait aucune victime, décès ou malade, du fait des radiations émises, et que dans l’avenir, les conséquences de ces mêmes radiations seront trop faibles pour être discernables ».
L’Organisation Mondiale de la Santé, dont des représentants ont contribué au Rapport de l’UNSCEAR, concluait dès début 2013(3):
Suivi de l’étude : le « White paper » de l’UNSCEAR de 2015.
« Le Comité déclare que les conclusions de son Rapport 2013 restent valables et, de plus, qu’elles sont largement confirmées par les nouvelles informations publiées depuis.
En particulier, le taux de détection important de nodules, kystes et cancers de la thyroïde sont le résultat de la multiplication des examens suite à cet accident et de la plus grande finesse de recherche du matériel utilisé, et pas de l’exposition aux radiations suite à l’accident nucléaire(4). »
Les informations supplémentaires recueillies depuis le Rapport 2013 du Comité, confirment donc l’absence de décès, ou de malades qui auraient pu être causés par les radiations liées à l’accident de Fukushima, ainsi que d’absence probable d’effets discernables dans l’avenir.
Des résultats largement ignorés.
L’écart est stupéfiant entre les conclusions rassurantes du Comité des Nations Unies sur les conséquences de Fukushima et les descriptions apocalyptiques de cet accident véhiculées par les médias dans le public.
Les conclusions du Comité ont pourtant été rendues publiques. Le Rapport 2013 a fait l’objet d’une présentation à la presse mondiale(5) à Vienne le 2 avril 2014. La couverture médiatique qui a suivi a été faible, y compris en France, à l’exception par exemple des Échos qui ouvrirent leurs colonnes à Jean Marc Jancovici.
En 2016, cinq ans après l’accident, la situation n’a pas changé. Les derniers résultats de l’UNSCEAR (Fukushima White Paper 2015) ont fait l’objet d’un communiqué de presse(6) des Nations Unies le 22 octobre 2015, mais il est resté largement ignoré. En particulier, les conclusions sur l’absence d’effets de l’accident nucléaire sur les cancers de la thyroïde n’a pratiquement pas été repris.
Les conclusions l’UNSCEAR, dans son Rapport de 2013, et confirmées en 2015, sont toujours largement ignorées du public.
Le peu d’intérêt médiatique pour les travaux du Comité des Nations Unies, approuvés par l’Assemblée Générale des Nations unies, donne la part belle aux descriptions apocalyptiques des effets des radiations par des antinucléaires dogmatiques.
Faire peur est certainement plus vendeur que de rassurer… ou d’avouer avoir dit des bêtises pendant des années !
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Cet article s’appuie largement sur le n°61 de la Lettre Géopolitique de Electricité du 20 mars 2016