La biodégradabilité du glyphosate
Comme vous le savez peut-être, le glyphosate est un désherbant total foliaire systémique non sélectif commercialisé par la société Monsanto à partir de 1974 sous la marque Roundup. Depuis l'an 2000, le brevet tombé dans le domaine public, permet à d'autres sociétés de produire cette matière active vendue sous différents noms commerciaux.
Pour favoriser son adhérence et sa pénétration sur les feuilles, le glyphosate est formulé avec un tensioactif. Ces différents
surfactants, dangereux pour la santé et l'environnement, répondent à des classements toxicologiques et écotoxicologiques.
L'emploi du glyphosate comme pour les autres désherbants est réglementé. Une dose annuelle maximale à l'hectare est fixée en fonction
des cultures et du mode de production.
Le document qui suit est tiré de la publication des recherches de la société Monsanto "Le gyphosate est-il dégradable". Dans un soucis d'objectivité, j'ai pensé utile de publier à la suite, les informations recueillies par Wikipédia sur cette molécule.
Résumé (Monsanto)
Il existe plusieurs voies de dégradation des produits chimiques (organiques) dans l’environnement : les voies abiotique et biotique. Cette dernière est aussi appelée biodégradation qui est un mécanisme de décomposition/dégradation des matières organiques par les microbes, bactéries et champignons présents dans les sols ou dans les eaux.
- La biodégradation est un processus naturel qui peut exiger du temps.
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Dans les sols agricoles ou dans l’eau, le désherbant glyphosate se dégrade complètement en éléments simples essentiellement par biodégradation, par l’action des microbes.
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L’ensemble des données scientifiques concernant le glyphosate - et l’AMPA, son métabolite - montre que ce sont des substances organiques biodégradables. Les produits ultimes de biodégradation sont des éléments simples (eau, gaz carbonique, ion phosphate) qui sont aussi présents naturellement dans l’environnement.
- Paramètre complexe à expliquer, la biodégradabilité a été contestée de manière erronée pour le glyphosate par certains médias et par ceux qui se déclarent, de manière générale, opposés aux pesticides.
Les informations détaillées (Monsanto)
- QUELQUES NOTIONS GÉNÉRALES SUR LA DÉGRADATION DES SUBSTANCES ORGANIQUES DANS L’ENVIRONNEMENT
Il existe plusieurs voies de dégradation des molécules1 organiques dans l’environnement : la voie abiotique et la voie biotique. Cette dernière est aussi appelée biodégradation.
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Les principaux processus de dégradation des substances organiques naturelles ou de synthèse, comme les produits phytopharmaceutiques ou pesticides, sont la dégradation abiotique et la dégradation biotique.
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La dégradation abiotique fait appel à des processus chimiques (hydrolyse, oxydation,…) ou photolytiques (soleil, lumière). Ces processus dépendent essentiellement des caractéristiques chimiques de la substance dégradée.
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La dégradation biotique, dite aussi dégradation microbienne ou biologique, ou encore biodégradation est un mécanisme de dégradation des matières organiques par les micro-organismes (microbes, bactéries, champignons) présents dans les sols ou dans les sédiments en composés plus simples2. Le stade ultime de cette dégradation est la minéralisation en substances telles que le dioxyde de carbone (CO2), l’eau, les ions minéraux (ammonium, sulfate, chlorure, phosphate, nitrite ...), etc. La vitesse de minéralisation dans un sol dépend des caractéristiques de la substance mais aussi des conditions du milieu : température, humidité, présence d’oxygène, conditions culturales, acidité,…
La biodégradation est un processus naturel qui exige du temps.
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La biodégradation est la dégradation d’un produit organique en éléments plus simples – appelés produits de dégradation - par les microorganismes du sol ou de l’eau. Avant d’atteindre la biodégradation ultime ou la minéralisation complète, des composés intermédiaires (métabolites) peuvent se former qui sont à leur tour biodégradés ou dégradés.
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Les réactions successives permettant de passer de la substance organique aux composés intermédiaires (quand il y en a), pour donner enfin les produits finaux de dégradation prennent un certain temps, variable en fonction des conditions du milieu. L’expérience courante montre que de nombreuses substances organiques (déchets domestiques végétaux ou animaux, compost) ne se biodégradent dans le sol ou à la surfaces du sol qu’après plusieurs semaines, plusieurs mois ou plusieurs années selon les conditions3.
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Afin de mesurer le temps de dégradation des substances organiques, les scientifiques utilisent un critère appelé demi-vie4.
« Facilement biodégradable » : une notion réglementaire qui ne permet pas en soi de conclure définitivement à la dégradabilité ou à la persistance d’une substance organique dans l’environnement.
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Au plan règlementaire, une directive européenne concernant les produits chimiques en général5 définit qu’une substance est considérée comme « facilement biodégradable » si les critères techniques suivants sont vérifiés (extrait) :
« Au cours du test de biodégradation de 28 jours, les niveaux de dégradation atteints sont égaux à :-
70% si l’on mesure le carbone organique dissous (COD)
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60% du maximum théorique si on mesure la déplétion en oxygène ou la formation du CO2 .(…). »
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Le test de 28 jours normalisé, mentionné ci-dessus, a été mis au point dans un objectif réglementaire de comparaison rapide de substances chimiques en général6 en laboratoire. Il ne permet pas de conclure définitivement dans les conditions réelles d’utilisation.
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La réglementation sur les pesticides, plus stricte que celle des produits chimiques en général, exige une évaluation bien plus approfondie de leur devenir dans l’environnement que ce test de 28 jours.
- LE GLYPHOSATE7, SUBSTANCE ORGANIQUE DE SYNTHÈSE, SE BIODÉGRADE COMPLÈTEMENT DANS L’ENVIRONNEMENT
Dans les sols agricoles ou dans l’eau, le glyphosate se dégrade essentiellement par biodégradation, par l’action des micro-organismes8.
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Les processus de dégradation dans les sols du glyphosate ont été largement étudiés. La dégradation abiotique est très faible9. En fait, le glyphosate est essentiellement biodégradé par les micro-organismes du sol.
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Le glyphosate se dégrade en acide aminométhylphosphonique (AMPA)10, un composé intermédiaire, lequel est ensuite minéralisé en CO2 et en éléments simples, comme l’eau, l’ion phosphate etc.
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Les demi-vies11 du glyphosate dans le sol en conditions de laboratoire ont été étudiées par plusieurs auteurs et sont comprises entre moins de 1 jour et 43 jours. En conditions de plein champ, les valeurs ont varié de 3 à 27 jours. La demi-vie dans l’eau varie de 1 à 4 jours.12 On voit donc que, pour le glyphosate comme pour des déchets domestiques organiques, la biodégradation demande du temps.
La biodégradabilité du glyphosate a été contestée de manière erronée par certains médias et par ceux qui, de manière générale, s’opposent aux pesticides.
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En effet, lorsque l’on parle de biodégradation du glyphosate, la perception générale par le grand public a pu être celle d’une dégradation « quasi-instantanée » du glyphosate en produits naturels dès qu’il touche le sol ! Par ailleurs, le fait que des traces de glyphosate et d’AMPA soient observées dans des eaux brutes de surface a pu faire croire que le glyphosate est un produit persistant.
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Deux tests réglementaires conduits avec du glyphosate (test de 28 jours mentionné ci-dessus) ont montré que le niveau de dégradation atteint était de 2% après 28 jours 6. Ce qui aurait classé le glyphosate comme pas « facilement biodégradable », au sens de ce test normalisé, même si sa voie de dégradation principale demeure la biodégradation jusqu’à un stade ultime de production d’éléments simples comme l’eau, et le CO2.
- C’est sur la base de ces deux tests, mal interprétés et sortis de leur contexte, que la biodégradabilité a été contestée. Aucune agence officielle ou comité d’experts n’a jamais remis en cause la biodégradabilité du glyphosate. Au contraire, des experts indépendants ont redit récemment que le glyphosate se biodégrade dans le sol.13
- LES MOLÉCULES ORGANIQUES TROP LENTEMENT DÉGRADABLES NE SONT PAS AUTORISÉES.
- La directive 91/414, qui encadre l’évaluation et l’autorisation des produits phytopharmaceutiques prévoit que les produits persistants (ou non-dégradables) ne peuvent pas être autorisés. Plus précisément, les produits répondant à plusieurs critères, par exemple quand la DT50 est supérieure à 3 mois, c'est-à-dire quand au bout de ce délai, moins de 50% de la substance initialement présente a disparu, peuvent ne pas être autorisés.14
L’ensemble des données scientifiques concernant le glyphosate et l’AMPA montre que ce sont des substances organiques biodégradables. Les produits ultimes résultant de la biodégradation sont des éléments simples (eau, gaz carbonique, ion phosphate, etc.) qui sont aussi présents naturellement dans l’environnement.
RÉFÉRENCES ET EXPLICATIONS SUPPLÉMENTAIRES
1 Une molécule organique, naturelle ou de synthèse, est caractérisée par la présence d’atomes de carbone (C) et d’hydrogène (H).
2 Ce processus ne s’applique qu’aux substances organiques naturelles ou de synthèses. Les substances d’origine minérale (mercure, fer, cadmium) ne se biodégradent pas.
3 Dans une brochure intitulée « le
compostage domestique » l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) précise que « Le processus de compostage domestique peut prendre de deux mois à deux ans
selon les déchets utilisés et l’effort fourni ».
La FAO (http://www.fao.org/docrep/007/y5104e/y5104e05.htm#TopOfPage ) et l’Environment Protection Agency (EPA) ( http://www.epa.gov/epawaste/partnerships/wastewise/pubs/wwupda12.pdf ) donnent des indications sur le temps de décomposition des déchets organiques qui se compte en semaines
ou mois.
Le blog de la fondation Hulot rapporte par ailleurs que « Chaque déchet possède une durée de vie. Quand on l'abandonne dans
la nature, il met plus ou moins longtemps à se décomposer. Par exemple : en mois (trognon de pomme : 4 à 6 mois, peau de banane : 8 à 10 mois), en années (papier de bonbon : 5
ans), en siècles (cannette en acier : 100 ans environ, bouteille plastique : plus de 500 ans). »
Voir : http://forum.fondation-nicolas-hulot.org/viewtopic.php?id=497.
4 La demi-vie est le temps (exprimé en jours par exemple) au bout duquel la moitié de la quantité initiale de substance a disparu du milieu. Le symbole utilisé est DT50.
5 Voir le paragraphe 5.2.1.3 de la directive européenne 93/21/CEE, qui concerne les substances organiques ou produits chimiques de synthèse en général.
6 Le test de 28 jours a été mis au point pour être un outil simple et rapide pour faire un premier tri (« Tier 1 » en anglais) des produits chimiques en général sur leur caractéristique de dégradabilité. La réglementation sur les pesticides exige une évaluation bien plus approfondie du devenir dans l’environnement (études de niveau « Tier 2 » et « Tier 3 »). Les données montrent que, tandis que le glyphosate n’est pas “facilement biodégradable” au sens réglementaire du test de 28 jours, il est biodégradé selon les études beaucoup plus approfondies exigées par la directive 91/414 sur les pesticides.
7 Le glyphosate et le principe actif des désherbants de la gamme Roundup®.
8 Il convient de dire que toutes les données scientifiques concernant les modes de dégradation de la matière active et des composés intermédiaires font l’objet d’études scientifiques exigées dans les dossiers de demande d’autorisation des substances phytopharmaceutiques, établis selon la directive 91/414.
9 En milieu stérile, on observe une dégradation de seulement 0,6% liée à l’effet de la lumière.
10 L’AMPA est aussi le produit de dégradation de phosphonates, qui sont des composés organiques entrant dans la composition des détergents liquides ou solides, utilisés de manière industrielle ou domestique.
11 La demi-vie, notée DT50 , est le temps nécessaire à la disparition de 50% de la substance appliquée. C’est une des mesures permettant d’évaluer la vitesse de dégradation.
12 Document 6511/VI/99-final, 21 January 2002: Review report for the active substance glyphosate. Finalised in the Standing
Committee on Plant Health at its meeting on 29 June 2001 in view of the inclusion of glyphosate in Annex I of Directive 91/414/EEC.
http://ec.europa.eu/food/plant/protection/evaluation/existactive/list1_glyphosate_en.pdf
13 Capri E. et al. Environmental fate and behaviour of glyphosate and its main metabolite, February 2010, in
EGEIS
http://www.egeis-toolbox.org/toolbox.html (cliquer sur
« environmental fate and behaviour »).
14 Les principes uniformes de la Directive 91/414 précisent dans le chapitre B) §2.5.2.2 que l’évaluation de la substance doit se faire selon une série de critère dont la biodegradabilité. Le chapitre C) §2.5.1.1 indique que des DT50 et DT90 trop élevées, caractérisant des substances dont des dégradations demandent trop de temps, sont des critères de refus d’autorisation de mise sur le marché. Voir la Directive 97/57/CE accessible à : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31997L0057:FR:HTML
L'utilisation et l'intérêt agronomique du glyphosate (Wikipédia)
Le glyphosate est l'herbicide le plus utilisé dans le monde, son succès repose sur un coût faible, une bonne efficacité et une très grande souplesse d'utilisation. Il est largement utilisé pour du désherbage agricole mais aussi l'entretien des espaces urbains et industriels. En agriculture le glyphosate permet une destruction efficace des adventices ou des repousses, sans effet sur la culture suivante et avec un coût très réduit. La diffusion du glyphosate a notamment permis de développer les techniques d'agriculture de conservation en permettant de désherber les parcelles sans retourner la terre.
La dégradation du glyphosate (Wikipédia)
Le glyphosate est principalement dégradé dans les sols, un peu plus rapidement que dans l'eau des rivières, des lacs et des nappes phréatiques (demie-vie supérieure à un mois dans le sol).
Les principaux produits de dégradation du glyphosate dans l'environnement sont l'acide aminométhylphosphonique, et le glyoxylate.
C'est l'acide aminométhylphosphonique (AMPA), ainsi que le glyphosate, qui sont notamment détectés dans l'eau des nappes phréatiques, les rivières et dans l'eau du robinet, mais en faible quantité, comparé à d'autres produits, le glyphosate étant peu mobile. Le glyoxylate est, quant à lui, biodégradable sans aucun problème, et peut avoir d'autres origines biochimiques, il ne parait donc pas utile de le doser.
Des chercheurs de Monsanto ont montré qu'une souche de bactéries du genre pseudomonas est capable de dégrader le glyphosate en glycine et en phosphate. Il serait intéressant de tester ces bactéries dans les champs ou points d'eau contaminés pour évaluer leur capacité d'épuration.
La présence de glyphosate dans l'environnement (Wikipédia)
Dans les sols
Les taux de glyphosate y sont difficiles à mesurer en raison du fait qu'il est absorbé sur les particules du sol et difficile à extraire sans le dénaturer. Il y est probablement souvent présent, car c'est le premier désherbant et le premier pesticide vendu au monde, avec une quantité qui a plus que doublé en 4 ans, passant de 0,5 et 1 million de kilogrammes en 1986 à plus de 2 millions de kilogrammes en 1990.
Il est très utilisé en forêt (pour préparer et dégager les plants), pour le désherbage en vue de l’ensemencement de nombreuses cultures et comme défoliant pour certaines autres cultures (blé, orge, légumes, colza ou moutarde sauvage, lin, cultures fourragères), et/ou dans les jardins par les particuliers et parfois pour la culture sans labour (qui peut l'éviter en semant sous paille par exemple). Les pays qui ont autorisé la culture d'OGM résistant au glyphosate ont vu sa consommation augmenter au détriment d'autres herbicides, en général plus coûteux et spécifiques.
Dans l'eau
Le glyphosate y est soluble (12 g·l-1 à 25 °C dans l'eau douce). Il était réputé peu mobile et à faible risque de contamination des nappes, mais son usage massif, notamment pour les usages non agricoles (jardinage, désherbage de voirie) mal contrôlé, provoque sa présence dans de nombreux cours d'eau et nappe phréatique. Il est plus mobile et soluble dans les sols alcalins ou riches en phosphates (minéral indispensable au plante, présent en quantité dans les sols riches ou bien amendés). Une étude a détecté des taux de 200 à 300 μg·l-1 de glyphosate peu après une pulvérisation directe dans de l’eau stagnante. Ce taux n'a été réduit que de moitié après trois semaines environ. Le Roundup n'a jamais été autorisé (en UE) pour désherber des mares et étangs de pêche en eau. La nature des bactéries présentes, la présence ou absence d'un biofilm important, la quantité d'ultraviolets, la température (saison) et le pH jouent probablement également un rôle dans la vitesse de dégradation du glyphosate dans l'eau. D'autres sources citent une pulvérisation directe sur lacs et étangs de 1 kg/ha suivie d'une concentration initiale de 1 100 μg·l-1 réduite à 149 μg·l-1 après deux jours et à 55 μg·l-1 après cinq jours.
En sylviculture (au Québec) après pulvérisation, on n'en a pas trouvé (seuil de détection de 1,0 μg·l-1) dans huit cours d’eau protégés par une zone tampon de 30 m, mais on en a trouvé dans deux échantillons provenant de fossés (16,9 μg·l-1 au max.). Dans les étangs ayant reçu une pulvérisation directe, le taux était de 2 800 μg·l-1 dans l'eau juste après la pulvérisation, mais avait chuté à 288 μg·l-1 24 heures plus tard. La cinétique du glyphosate dans les sédiments semble peu étudiée.
Dans l'air
Sa faible tension de vapeur (<1×10-5 Pa à 25 °C) le rend peu soluble dans l'air, mais il peut y être présent sous forme d'aérosol ou fixé sur des poussières issues de sol poudreux et sec traité. Il peut être pour partie dégradé par photodécomposition sous l'effet des ultraviolets de la lumière solaire.
Les utilisations du glyphosate et ses polémiques (Wikipédia)
Le glyphosate est notamment utilisé par le gouvernement colombien, aidé par le gouvernement des États-Unis dans son Plan Colombie pour détruire les champs de coca produisant de la drogue qui finance des actions de groupes rebelles. Ces actions détruisent des milliers d'hectares de reliques de forêt tropicale, parfois classées réserves naturelles, comme la forêt du Putumayo, et des exploitations agricoles légales. Les populations de ces forêts craignent des impacts sur leur santé, comme dans le cas du Roundup pulvérisé en Palestine, ou, antérieurement, avec l'agent orange utilisé comme défoliant pendant la guerre du Viêt Nam. Les communautés amérindiennes sont parmi les premières touchées. L'Équateur voisin craint aussi des conséquences sanitaires et écologiques des fumigations colombiennes de glyphosate près de ses frontières, dans le Putumayo. Le refus colombien d'abandonner ces pulvérisations aériennes a provoqué en 2006-2007 une crise diplomatique entre les deux pays.
La culture majoritaire de soja OGM résistant au glyphosate en Argentine et au Brésil a entraîné une utilisation massive de ce désherbant, en substitution d'autres produits. Des résistances sont apparues, amenant à l'utilisation de doses de plus en plus importantes et à des mélanges avec du paraquat. Néanmoins son usage a permis d'éviter le travail du sol, sans herbicides totaux les techniques d'agriculture de conservation n'auraient peut-être pas pu être développées en Amérique du Sud.
La polémique a aussi porté sur la biodégradabilité de désherbants contenant du glyphosate. Le glyphosate est un des premiers herbicides permettant de semer directement après usage et sans effet sur la culture suivante, l'effet désherbant apparaît uniquement en cas de pulvérisation sur les feuilles de la plante. La possibilité de planter vite juste après un désherbage efficace était une vraie rupture à l'époque de sa mise sur le marché. À titre de comparaison un herbicide plus ancien comme le 2,4-Dest capable d'affecter un semis de dicotylédones jusqu'à 60 jours après traitement et même perturber des levées de céréales qui sont normalement insensibles à cette molécule. Au niveau marketing cette absence d'effet secondaire sur la culture suivante s'est vite transformée en biodégradabilité totale et rapide.
Un fabricant (Monsanto) a perdu plusieurs procès parce qu'il avait présenté le Roundup, sur ses étiquettes et affiches, comme dégradable ou biodégradable (dans le sol comme dans l'eau). La demi-vie du glyphosate (le temps nécessaire pour que 50 % des molécules de glyphosate soient dégradées) est, en conditions de laboratoire, d'environ 32 jours dans le sol et de 3,3 jours dans l'eau, avec une efficacité variant selon la richesse du sol en bactéries, la température, la nature et l'acidité du sol, etc. Elle varierait de 20 à 100 jours selon l’état du sol d'après d'autres sources. Le glyphosate se dégrade en sous-produits, eux-mêmes difficilement biodégradables, avec des délais variant selon le contexte. Les sols morts (sols viticoles, trottoir désherbé) n'ont pas de richesse bactérienne et sont quasiment incapable de dégrader le glyphosate.
La contamination des milieux (eau, air, sol) - Wikipédia
Les analyses permettant de détecter le glyphosate dans l'eau ont longtemps été difficiles, longues et coûteuses. Elles étaient donc rares. Depuis que dans les années 2000, des progrès techniques ont amélioré leur précision et en ont diminué les coûts, on prend conscience que bien que dégradable, le glyphosate, comme de nombreux herbicides et insecticides, y compris interdits depuis des années, est très souvent présent dans les eaux et les sols. Une étude de l'IFEN (août 2006) a montré que le glyphosate et l'AMPA, son produit de dégradation, étaient les substances les plus retrouvées dans les eaux en France. Ce résultat n'est pas étonnant en soi, le glyphosate est l'herbicide le plus vendu en France.
Le glyphosate étant très peu volatile dans l'air son impact sur la pollution atmosphérique est négligeable et concerne surtout des aérosols provenant des dispositifs d’épandages. Les fiches de sécurité n'exigent pas d'appareil de protection respiratoire, ce qui n'est pas le cas de tous les pesticides, y compris autorisés en agriculture biologique.
Les synergies d'actions entre pesticides sont étudiées depuis une dizaine d'années, les synergies sont très loin d'être systématiques : additivité et dominance de la molécule la plus toxique sont les phénomènes les plus fréquents.
Ecotoxicologie du glyphosate (Wikipédia)
Quelques études laissent penser que le glyphosate pourrait peut-être réagir avec les nitrites présents dans certains aliments, mais aussi dans les sols agricoles pour former le N-nitrosophosphonométhylglycine, un cancérogène possible.
Toxicologie du glyphosate (Wikipédia)
Les méta-analyses sur le sujet montre que le glyphosate présente un profil toxicologique plutôt favorable comparé à d'autres herbicides, comme l'atrazine : Le glyphosate n'a pas d'effet sur la reproduction et la descendance, l'exposition réelle reste très inférieure (facteur 500) au seuil de tolérance de la U.S. Environmental Protection Agency. Pas d'effet génotoxique, pas de bioaccumulation, pas d'effet chronique ou subchronique, pas d'effet endocrinien. Le Glyphosate ne pose pas de problème pour la santé humaine.
La DL50 du glyphosate pur se situe à environ 1 % du poids corporel. Les effets toxiques immédiats sont faibles, même à hautes doses. On note cependant une réduction notable du poids corporel et du poids du foie.
Il est quasiment impossible de se suicider avec du glyphosate, il faudrait en avaler plusieurs litres compte tenu du très faible taux d'absorption intestinale pour espérer s'approcher de la DL50. Les suicides de paysans à l'aide de produit chimique impliquent surtout des insecticides organophosphorés ou organochlorés, qui présentent une toxicité bien plus importante.
Les études de laboratoire, généralement faites ou financées par le fabricant, ont montré que le glyphosate ingéré était absorbé pour 15 à 40 % de la dose ingérée. Quant à son premier sous-produit de dégradation (l’acide aminométhylphosphonique ou AMPA), il est absorbé à environ 20 % de la dose ingérée.
Une autre étude a montré chez des singes que l’absorption cutanée d’une préparation de glyphosate était faible (2 % après sept jours d’application locale). Mais le passage transcutané peut varier selon les espèces, les conditions (transpiration) et l’âge (chez l'humain, la peau des enfants est par exemple beaucoup plus perméable). Une dose ingérée (ou injectée (intrapéritonéale)), unique ou répétée durant 12 jours, est éliminée en grande partie via l’urine, essentiellement sous une forme non dégradée, bien que l’on trouve aussi de petites quantités d’AMPA. L’excrétion biliaire et la circulation entéro-hépathique sont quantitativement minimes après 120 heures. Une dose unique de glyphosate était éliminée à 94 % dans les urines, chez les mâles et les femelles (0,1 % seulement d’une dose étant éliminée sous la forme de dioxyde de carbone marqué 22), en condition de laboratoire (animaux peu mobiles, non malades, non exposés aux aléas climatiques, etc.). L’ingestion quotidienne de glyphosate durant 2 semaines se traduit par des concentrations tissulaires maximales au sixième jour d’administration. Les concentrations les plus fortes étant mesurées dans les reins (<1 ppm), puis de manière décroissante dans la rate, les tissus adipeux, le foie, les ovaires, le cœur et les muscles, les résidus diminuant progressivement après que l’animal ait cessé d’ingérer le produit dans sa nourriture, les concentrations rénales étant de 0,1 ppm après 10 jours.
Il est délicat de tirer des conclusions toxicologiques des nombreuses études faites chez l'animal avec du glyphosate pur, car dans la réalité, c'est un mélange glyphosate-additif qui est susceptible de poser problème par contact ou ingestion.
Il a été démontré que différents herbicides à base de glyphosate ralentissaient le cycle des divisions cellulaires chez l'embryon d'oursin, selon les auteurs de cette étude ce sont des effets qui peuvent provoquer des cancers, ils n'affirment pas pour autant que le produit est directement cancérigène. Cette étude ne mesure pas forcément l'effet du glyphosate, en effet les tensio-actifs, comme les surfactant des formulations commerciales de glyphosate, sont reconnus comme perturbateurs du développement des organismes aquatiques sans pour autant être reconnus cancérigènes. Les courbes d'effet montrent que les différentes formulations (donc tensio-actifs ou mélanges de tensio-actifs) n'ont pas exactement les mêmes effet, ce qui pourrait renforcer l'hypothèse d'effet purement mécanique du surfactant sur les membranes cellulaires. Il serait nécessaire de continuer ces travaux en comparant du glyphosate seul, des tensio-actifs d'usage courant et les surfactants seuls. On peut aussi remarquer que chaque lot provient d'une seule femelle, or le taux de malformation peut varier en fonction des géniteurs.
Une étude de l'université de Caen, publiée dans Chemical Research in Toxicology fin décembre 2008, met en évidence l'impact de diverses formulations et constituants de ce pesticide sur des lignées cellulaires humaines (cellules néonatales issues de sang de cordon, des cellules placentaires et de rein d'embryon). Les auteurs signalent diverses atteintes de ces cellules (nécrose, asphyxie, dégradation de l'ADN...), induites soit par le glyphosate, soit par un produit de sa dégradation (AMPA), soit par un adjuvant (POEA) qui facilite son incorporation par les plantes cibles, soit par des formulations commerciales de l'herbicide.
Cette étude, comme tous les travaux de l'Université de Caen sur le glyphosate et les OGM, est discutable et a été fortement critiquée par la communauté scientifique. L'AFSSA a notamment mis en évidence trois erreurs méthodologiques :
- L'utilisation de lignées de cellules cancéreuses ou transformés pour les essais, peu représentatives d'une cellule normale.
- Les cellules ont été soumises à un pH 5,8 sans solution tampon pendant 24h, ce qui permet non pas d'observer l'effet du glyphosate, mais plus vraisemblablement l'effet d'une solution acide et hypotonique sur des cellules. Les cellules animales supportent un pH entre 7,4 et 6,8 et ont besoin d'un environnement ionique précis pour survivre. En l'absence de témoin l'effet glyphosate ne peut être confirmé.
- Les observations de mortalité cellulaire ne peuvent pas être extrapolées sur le comportement de l'organisme entier. Des nombreuses substances provoquent des mortalités cellulaires locales sans être toxiques pour l'organisme entier, c'est notamment le cas de certains désinfectants (certains composants des collyres par exemple).
L'agence estime que « les auteurs [de l'étude] sur-interprètent leurs résultats en matière de conséquences sanitaires potentielles pour l’homme, notamment fondées sur une extrapolation in vitro-in vivo non étayée ».
Selon le MDRGF (Mouvement pour les Droits des Générations Futures), une étude scientifique argentine montre que les herbicides à base de glyphosate (matière active de l'herbicide total Round Up) auraient des effets tératogènes sur les vertébrés. Des scientifiques argentins ont décidé d’évaluer les effets de faibles doses de glyphosate sur le développement en étudiant des embryons de vertébrés. Résultat: les embryons traités sont hautement anormaux. Il est à noter que cette étude est publiée dans le même journal qui a publié l'étude de l'Université de Caen. Là encore il s'agit d'une expérience douteuse dont les conclusions ne peuvent être extrapolées au milieu naturel :
- La dilution employée peu certes paraître importante, (5000), mais elle est faite à partir d'une solution commerciale contenant en général 360 à 480g de glyphosate par litre. En l'absence de précision sur la formulation employée il est aussi possible qu'ils aient utilisé du glyphosate en poudre qui contient 95% de matière active. Au final leur solution présenterait une concentration de 72 à 192mg de glyphosate par litre, ce qui est 720 000 à 1 900 000 fois supérieur à la dose maximale autorisée pour l'eau potable en France. Les concentrations dans les rivières pollués sont de quelques µg/L, pas des dizaines de mg/L.
- Des dilutions bien plus faibles (1.8 à 4.2mg/L soit 180 000 à 42 000 fois la norme pour l'eau potable) provoquent des mortalités chez des amphibiens mais à la différence de l'article argentin l'importance du surfactant dans la toxicité de la formulation est confirmé.
- Les embryons subissent une injection de glyphosate, ce qui ne simule nullement l'effet d'un milieu contaminé et provoque un stress énorme pour l'embryons étant donné la nature ionique et le pH du glyphosate. Des doses beaucoup plus faibles provoquent des mortalités significatives, il n'est donc pas pertinent de surveille l'apparition de malformations à des doses supérieurs connu comme mortelle.
- D'autres travaux sur le Round Up ne montrent pas d'effet tératogène chez les amphibiens.
- Aucune donnée ne fait état de malformation chez les descendants d'utilisateurs de glyphosate.
- De très nombreuses substances naturelles, notamment des végétaux consommés très régulièrement provoquent, in vitro, des effets tératogènes, cancérigènes et mutagènes. Il est très difficile d'extrapoler ces effets in vitro en in vivo.