La modélisation du mildiou
Le mildiou
Le mildiou, maladie cryptogamique (Plasmopara Viticola) est l’une des principales maladies de la vigne. Ce champignon peut provoquer des pertes de récoltes importantes, des problèmes de maturation et d’affaiblissement des souches s’il n’est pas correctement maitrisé. Aujourd’hui la connaissance du cycle du mildiou et l’efficacité des produits phytosanitaires permettent de se protéger efficacement contre sa nuisibilité.
Symptômes de la maladie
Sur les feuilles (les plus vulnérables) on peut observer sur la face supérieure des taches jaunâtres appelées « taches d’huile » et un feutrage blanchâtre sur la face inférieure, le mycélium. En occupant la surface des feuilles, le mildiou très vite envahissant peut engendrer des nécroses diminuant l’activité de la photosynthèse et provoquer l’affaiblissement des pieds des souches. Le mildiou se multiplie également sur les rameaux, sur les inflorescences et sur les grappes dans les cas où les attaques sont les plus sévères.
La modélisation, qu'est-ce que c'est ?
La modélisation du mildiou est un outil d’aide à la décision qui permet au viticulteur durant la pousse de la vigne de mieux connaître l’évolution de la maladie sur son vignoble. Chaque cas étant particulier, le viticulteur est tenu d’observer sa propre situation (en fonction du terrain, de la pluviométrie, de la vigueur de la vigne, de la sensibilité du cépage, de l’historique des maladies rencontrées…) afin de mieux appréhender le développement du mildiou et de traiter de manière la mieux raisonnée et la plus efficace possible. En adoptant un comportement qui vise à comprendre et évaluer ainsi les risques de la maladie, les traitements ne sont plus systématiques.
La difficulté par la suite, pour le viticulteur, c’est d’intégrer l’ensemble des risques de maladies autres que le mildiou. Le mildiou et l’oïdium étant des maladies antagonistes, une pression mildiou très faible peut s’accompagner dans les faits d'un risque élevé en oïdium, ce qui débouche au final quand même par une application de produits phytosanitaires. Cependant la modélisation, les années à faible risque de maladie permet de réaliser une réduction de quantité de produits utilisés et d'espacer les fréquences de traitements pour à la fin moins traiter que dans les situations de protections conventionnelles. Cette lutte raisonnée consiste à utiliser la quantité de matière active la plus juste possible en traitant le moins possible.
La modélisation qui repose sur un modèle mathématique prenant en compte les données climatiques et épidémiologiques évalue le risque potentiel et le niveau des attaques en fonction des conditions météorologiques constatées et des prévisions à venir. Ce modèle détecte également les éventuelles contaminations qui ont pu avoir lieu au moment où les simulations sont faites.
Les résultats obtenus comportent deux parties :
La situation actuelle :
Le niveau du risque calculé à un moment donné donne le résultat de la situation : l’EPI (Etat Potentiel d'Infection). Un second résultat met en évidence les contaminations observées sur le vignoble.
Les simulations :
Des hypothèses simulant des quantités de précipitation et des températures ont pour objectif de prévoir des niveaux de risque à venir.
- Hypothèse probable : qui résulte des prévisions météo de la semaine à venir.
- Hypothèse alarmiste : qui découle d’une simulation de précipitations plus importantes que celles prévues par la prévision météo. Cette situation peu probable met en évidence des cas favorables au développement de l’épidémie et permet de mieux appréhender les risques encourus dans le cas où ces prévisions s'avèreraient dans le futur.
L’EPI : Etat Potentiel d'Infection
Comment estime-t-on l’Etat Potentiel d’ Infection ?
Des comptages d’œufs sont effectués afin de connaître la quantité des œufs d’hiver qui constituent l’inoculum du champignon. Les conditions hivernales vont conditionner le taux de mortalité des œufs plus ou moins important et leur niveau de précocité de maturité. En début de saison, plus l'EPI est faible et plus le risque d’apparition de la maladie est faible. Cependant un EPI élevé en début de saison peut présenter un risque faible (sans explosion du mildiou) lorsque les conditions météo du printemps ne sont pas propices au développement de la maladie.
Les températures
Les foyers primaires : la formation de foyers primaires nécessite des températures comprises entre 10 et 11°C et la présence de flaques d’eau ou d'humidité le matin (présence de brouillard) lorsque la vigne est débourrée. Les symptômes sur la culture ne sont visibles qu’après une durée d’incubation variant entre 10 et 20 jours.
Les foyers secondaires : qui sont issus des foyers primaires nécessitent de la pluie. Une heure d’humectation de la feuille ou du grain de raisin suffit pour créer ces foyers secondaires. La durée d’incubation varie entre 4 à 10 jours.
Les stations météo : elles sont indispensables pour enregistrer la quantité de précipitation et les températures observées. Plus leur nombre dans les différents secteurs est important et plus les mesures de la modélisation sont précises. La modélisation repose sur un historique de statistiques météorologiques et épidémiologiques.
La FTA : Fréquence Théorique d’Attaque
Cette composante représente la quantité d’organes touchés au cours de la période considérée. La FTA est simulée sur des parcelles de suivi sensibles et exemptes de protection fongicide. Une marge de sécurité est appliquée avec la prise en compte des observations faites par les techniciens.
Les résultats de l’EPI et du FTA sont communiqués à des consultants privés, des firmes phytosanitaires, des viticulteurs, la Protection des végétaux et aux consultants des chambres d’agriculture qui les utilisent pour établir leurs préconisations (VitiFlash).
Ce sont donc les résultats de L’EPI, de la FTA et des prévisions météo qui vont inciter les viticulteurs à traiter ou de décider de repousser le traitement envisagé. Au final, l’efficacité du traitement dépendra de cette prise en compte des risque encourus mais sera également conditionnée par la qualité de pulvérisation, les conditions météorologiques et le produit utilisé lors du traitement : ce n’est donc pas une mince affaire !
Optidose
Cet outil de lutte raisonnée, vise à réduire encore plus la quantité des produits phytosanitaires. En ayant recours à plusieurs paramètres. La connaissance de la vigueur de la vigne, sa surface foliaire, la pression parasitaire au moment du traitement sont les éléments qui vont déterminés la réduction de dose à appliquer par rapport à une intervention à pleine dose en situation classique.
Les groupes de viticulture raisonnée
Ces réunions de viticulteurs sur des parcelles témoins non traitées ont pour objectifs d'informer les professionnels de la vigne sur la situation parasitaire locale (la modélisation) et sur le choix des produits à utiliser et les mieux adaptés au moment donné. Au cours de ces réunions, les viticulteurs se forment à reconnaitre les principales maladies et ravageurs de la vigne. Au fils du temps les viticulteurs responsables acquièrent une connaissance plus fine des mécanismes de propagation des maladies qui leur permet de mieux appréhender la lutte préventive. Ils tendent à réduire les doses de produits et mettent en place des stratégies plus économes.
Groupe viticulture raisonnée. Secteur du Tâtre.
Source VitiFlash et La revue Réussir vigne n°172