La pluie de l'automne
Cette année, les vendanges précoces se sont terminées avant la fin du mois de septembre. La chaleur du début du mois nous a amenée à récolter le raisin tôt le matin, afin d’obtenir des moûts à des températures acceptables. Les jus récoltés dans la matinée étaient ensuite mélangés avec ceux de l’après midi de façon à obtenir des températures moyennes ne dépassant pas 20° Celsius. Confronté parfois à de fortes chaleurs, Guy a mis en place un système de refroidissement des cuviers par ruissellement en utilisant l’eau refroidie (10°C) par le groupe de froid de la distillerie. Ainsi, nous avons pu maîtriser assez facilement les températures de fermentation.
La faible acidité des vins récoltés cette année implique une vigilance accrue de leur conservation. Sur certaine parcelle, l’état sanitaire présentait des foyers de pourriture en fin de vendange suffisamment importants pour envisager une distillation et un suivi particulier à leurs éventuelles déviances dans le temps. La prudence cette année est plus que jamais recommandée d’autant plus que les quotas de productions importants vont pousser la distillation jusqu’au mois de mars. Si certaines vignes situées sur des sols trop légers ont accusé le manque d'eau de cet été, la récolte aura été importante dans la région. Cette année encore, des parcelles de vignes auront encore subi le fléau de la grêle mais l'abondante récolte et la solidarité aura permis aux victimes de faire face à cette catastrophe climatique.
En général, nous allumons les alambics dans les premiers jours de novembre, après avoir fait les inventaires de vins et eaux de vies. Une fois qu’Isabelle a saisi les imprimés et communiqué aux Douanes la déclaration d’avant travaux (inventaire des stocks de vin et eaux de vie), la déclaration de récolte déposée en mairie, nous pouvons alors allumer les alambics et commencer à distiller. Cette année, comme en 2004, la précocité des vendanges a permis de débuter la nouvelle campagne de distillation dans le mois d’octobre et c'est Isabelle qui s'est aventurée à régler les premières chauffes pendant que j'étais tranquillement en Espagne en train de savourer du vin de la région de Tarragone avec ma petite famille !
Bien que les températures douces n’offrent pas les meilleures conditions de distillation, la longue période qui s’annonce et la fragilité des vins de ce millésime imposent de ne plus attendre leurs mises en chaudières.
Pendant que le cuivre chaud rectifie quotidiennement et sans interruption les alcools du vin pour les transformer en brouillis qui donnera par la suite les eaux de vie, les travaux courants se poursuivent dans la vigne. Jean-Louis parcourt le vignoble en sondant les piquets pour retirer ceux qui sont défectueux et qui seront remplacés par la suite. Dans la plantation de l’année, Alain et Fabrice positionnent les piquets métalliques pour l'établissement de la pousse de l'été prochain. Guy, à son tour, les enfonce dans la terre à l’aide du porteur multifonction. Le labour et l’épandage du fumier pour les futures plantations sont sur le point d’être maintenant réalisés. Un gros chantier de drainage vient également d’être entrepris sur des terrains présentant de nombreuses mouillères. Une fois ce travail achevé, le terrain pourra accueillir une jolie parcelle de Colombard pour l’élaboration de moût à Pineau.
Le vent et la pluie ont accéléré la chute des feuilles, la taille de la vigne va bientôt pouvoir commencer. Dehors, sous les intempéries, le travail va devenir plus pénible. Pourtant, il faudra bien que les pluies des prochaines saisons ressourcent les nappes et les retenues colinéaires si nous ne voulons pas subir le manque d'eau lié aux sécheresses...