Le Maine Verret, de la vigne libre et de grands Cognacs
Le Maine Verret à Verrières en Grande Champagne – 45 ha de vignes conduites en cordons hauts taillés mécaniquement avec repasse manuelle rapide. Un grand terroir où sont élaborés de très grands cognacs...
Dans les années 70, lors d'une visite dans l'entre-deux-mers chez des viticulteurs des caves de Rauzan, Guy Chauchet découvre le cordon haut conduit en taille mécanique. Ce mode de conduite permet de réduire considérablement les temps de travaux. Séduit par ce système de production de vin à bas coût, monsieur Chauchet, viticulteur avant-gardiste préférant limiter le temps passé dans le vignoble pour privilégier le travail du chai, souhaite appliquer à son vignoble ce système novateur pour produire du vin blanc destiné à l'élaboration d'eau-de-vie de cognac et pour mettre ce fabuleux terroir à l'honneur en se penchant plus particulièrement sur le travail du vieillissement du spiritueux.
La philosophie du « laisser faire »
David Charron, responsable technique du vignoble, explique « la philosophie » de ce type de conduite. Le plus dur étant de se débarrasser des freins physiologiques (aspect visuel) et d'accepter le laisser-faire. Une vigne très peu mutilée (pas de grosses coupes) qui présente après plus de 40 ans un très faible taux de mortalité des ceps.
De la prétaille mécanique avec une repasse manuelle rapide (10 heures ha!). Un suivi attentif pour refaire les cordons si nécessaire, en rattachant de nouveaux bois. Pas de tirage de bois, pas d'attachage, pas de relevage...
Une terre forte non cultivée et des lombrics !
Yoann Lefebvre procède à un comptage de la population de lombrics.
Ici, le sol n'est jamais travaillé, les dessous de rangs sont désherbés chimiquement et toutes les allées sont enherbées.
La structure du sol présente un fort taux de matière organique, la terre est soufflée, et la quantité de vers de terre est impressionnante !
La science du vieillissement des eaux de vie
Pierre Vaudon, le maître de chai passionné et perfectionniste des Cognacs Voyer nous explique toutes les subtilités du précieux travail des eaux de vie. Avant leur commercialisation, les cognacs subissent des étapes d'aération, d'homogénéisation, de réduction et d'assemblage tout au long de leur lent processus de vieillissement. Pierre insiste sur l'importance qu'il accorde à la technique "des ponts" qui consiste à marier plusieurs eaux de vie d'années différentes pour obtenir une ampleur aromatique exceptionnelle...
Un choc culturel...
Cette visite chez David, montre qu'il est possible de produire de façon très correcte un hectare de vigne d'Ugni-Blanc en moins de 60 heures et avec au final la réalisation un produit d'exception. La qualité d'un Cognac ne serait donc pas nécessairement dépendante du temps passé au vignoble. Sur le groupe, où les viticulteurs présents ont des modes culturaux différents, nous sommes impressionnés et envieux ! Et même si nous ne sommes pas tous prêts à franchir ce cap psychologique d'une vigne « non taillée », et parce que ce système qui marche ici n'est pas forcement reproductible de manière radicale chez les autres, cette approche nous invite fortement à remettre en cause nos pratiques et à nous inspirer de cette « philosophie » et de ce savoir faire technique...
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