Le réchauffement médiatique du glacier d'Ilulissat
Pour Jean-Louis Borloo, « On ne peut plus nier l'accélération du réchauffement de la planète ».
Le glacier d'Ilulissat
Comme dans l'Antarctique, des glaciers s'écoulent lentement du Groenland vers la mer. Situé sur la côte ouest du Groenland, au niveau de la baie de Disko, ce glacier a fait la une des médias durant l'été 2007, lorsque le ministre Jean-Louis Borloo et la chancelière allemande Angela Merkel sont allés observer les chutes spectaculaires d'énormes blocs de glace, là où ce glacier rejoint la mer. Ils y auraient observé, de visu, la fonte de la banquise, celle de la glace continentale et l'accélération du réchauffement.
Le volume de ces rejets est de l'ordre de 20 millions de m³ ou tonnes par jour. Le spectacle est splendide. Ce phénomène est appelé « vêlage », et c'est vraisemblablement un iceberg issu de ce glacier qui a envoyé par le fond le Titanic, le 15 avril 1912. Spectaculaire, ce glacier photogénique est aussi source officielle de contrevérités franco-allemandes, car Mme Merkel et M.Borloo n'ont pas pu constater une éventuelle accélération de la fonte de la banquise ou des glaciers du Groenland.
Tout d'abord, il n'y a jamais de banquise dans la baie de Disko en été. Elle se forme en hiver, mais disparaît tous les étés depuis de l'homme observe ce phénomène. Par ailleurs, lorsque des blocs de glace tombent dans la mer, comment peut-on parler de « fonte » de ladite glace quand c'est de la glace, de la vraie, de la bien froide, de la pas encore fondue, qui tombe dans la mer, et non de l'eau.
Selon les médias, Jean-Louis Borloo se serait émerveillé des reflets bleutés de cette glace vive, on peut le comprendre, et il aurait déclaré qu'on ne peut plus nier l'accélération du réchauffement de la planète – là il est plus difficile de le suivre. Depuis 1850, le réchauffement global est un phénomène bien documenté ; en revanche, son « accélération » reste discutable et discutée. Le ministre ignorait sans doute que ce site fait l'objet d'une surveillance scientifique depuis deux cent cinquante ans et que ce phénomène de « vêlage » a toujours existé. Il n'a par ailleurs pas calculé que les 60 000 m³ de glace par jour qui « vêlent » à Ilulissat ne représentent que le débit dérisoire de 700 litres par seconde. La Seine à Paris débite quatre cents fois plus. De son côté, la Bièvre, ce petit ruisseau de la rive gauche, où vivaient autrefois des castors, débite un flux du même ordre de grandeur que celui de L'Ilulissat. Cet affluent de la Seine, aujourd'hui souterrain, intervient donc dans le cycle de l'eau mondial au même niveau que le spectaculaire glacier du Groenland. Mais il est vrai que la visite des égouts de Paris près du métro « Gobelins » à moins de charme que celle de ce glacier quand il se jette dans la mer.
Comme nous sommes à une époque où de belles images valent infiniment plus qu'un raisonnement, la chancelière et le ministre nous ont donné la « preuve », médiatisée, que la banquise fondait et que la glace fondait. Le calcul dément leurs conclusions et démontre que le spectaculaire est en fait dérisoire. Mais qui le dit ?
Pour en finir avec les histoires d'eau – Jean de Kervasdoué & Henri Voron
Et pendant ce temps, dans l'Antarctique, les manchots luttent contre le froid...
Le Paradis Blanc - Michel Berger- 1990