Science et longueur de temps...
Si je dois retenir une seule chose de l'année écoulée, c’est bien la récolte de vin qui ne s'est pas révélée à la hauteur de nos attentes dans notre charmant Sud Charente. Alors que le mois de juillet laissait entrevoir une récolte prometteuse avec des pieds de vigne chargés de grappes, en fin de compte, les vendanges du mois d'octobre ont été précipitées par les attaques de botrytis sur un raisin pas encore arrivé à complète maturité. Car si l'acidité garante de la fraicheur et de la conservation des vins de distillation d'Ugni-Blanc a bien été au rendez-vous, le taux de sucre quant à lui qui traduit une concentration alcoolique sous l'action des levures, s’est révélé tristement bas !
Belle leçon de modestie et d’invitation à la prudence qu’il me faudra garder en mémoire ! Car comme le dit si bien l’adage, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuée. Je tacherai donc à l'avenir de ne pas me réjouir trop hâtivement et m’efforcerai de restreindre la spontanéité de mon optimisme. La floraison tardive, le faible cumul des températures de saison et la forte quantité d'eau accumulée au cours de la saison jusqu'aux vendanges ainsi que la forte pression parasitaire de mildiou et de rot-brun tardifs auront eu raison de notre secteur géographique. C'est bien le manque de chaleur et l'excès d'eau qui ont pénalisé le rendement en alcool pur cette année 2013. Le plus rassurant dans tout ça, c'est que le réchauffement climatique aura encore cette année épargné notre zone viticole...
Mais il faut savoir relativiser et prendre les choses de manière philosophe, si certains réalisent des rendements malgré tout honorables, d'autres en revanche, impuissants face aux phénomènes météorologiques impitoyable, ont vu une partie de leur culture dévastée par des attaques sévères de grêles. Plus bas, dans le Bordelais des confrères vignerons ont dû récolter dans la plus grande désolation des merlots fortement touchés par la pourriture. Les mauvaises conditions météorologiques observées au cours de la floraison du mois de juin de ce cépage sensible au millerandage et la coulure se traduit par de petits rendements, et ce, dans un contexte économique difficile dans les appellations périphériques moins prestigieuses...
Chez nous, dans la région de Cognac, grâce au système récent de régulation de production mis en place, la réserve climatique comblera une partie du déficit de récolte chez ceux qui auront pu et fait le choix d’en constituer. Contrairement aux craintes d’après vendanges, fort heureusement, les eaux de vie qui coulent encore cet hiver aux porte-alcoomètres des distilleries sont légères et agréables. En ce qui concerne le pineau, élaboré en début de récolte, avec des moûts beaucoup plus riches en sucres que le traditionnel Saint Emillion des Charentes, il ressort à la dégustation très correct pour ce millésime compliqué. Cette bonne nouvelle me réjouit et confirme une fois encore que le travail et la science qui accompagnent les paysans dans leurs vignes durant toute l’année, dans leurs chais au cours de la vinification, aujourd’hui dans la distillerie et puis par la suite dans les chais de stockage pour le vieillissement participent à limiter les incidences naturelles pas toujours aussi bien veillantes que les convictions de certains naturalistes ! Comme après une pluie d’été le mildiou ne demande qu’à se propager sur la vigne et qu’au contact de l’air le vin tourne au vinaigre, l’entreprise humaine consiste à lutter de manière incessante contre les fatalités du laissez-faire des phénomènes naturels intransigeants.
Ainsi, le travail de la terre enseigne au paysan la prudence et une certaine méfiance à l’encontre de son milieu ouvert. L'histoire et l’expérience lui apprenent que rien n’est jamais définitivement acquis...
Petit retour sur mon dernier article
Mon proche entourage m'a fait savoir que mon dernier billet Entre foie et loi, une réponse critique à la tribune de Corine Pelluchon parue dans le journal le Monde fin décembre 2013, avait fortement déplu à son auteur.
Tout d’abord, je tiens à m’excuser auprès de l'enseignante pour avoir illustré sans son accord, mon article avec deux de ses sublimes photos trouvées par simple recherche Google et largement diffusées sur le web. Je comprends que la concernée ne juge pas opportun de voir sa photo associée à mon texte, après tout son droit à l’image le lui permet. En tout cas, je puis vous assurez que mon intention n’était pas de porter atteinte à son image physique, bien au contraire ! Je trouve ces représentations toujours aussi plaisantes à regarder ! Ma faute est réparée, et c'est à regret que je les ai retirées pour les remplacer par des images nettement moins glamours…
Concernant le fond de mon article et l’opinion que j’y ai exprimée, j’ai taché de façon la plus honnête possible d’y exposer un point de vue argumenté. En aucun cas mes propos ne visent à calomnier la professeure de philosophie, ce texte est le résultat de la simple expression de mon désaccord dans un pays démocratique où le débat d’idée est admis et encore autorisé. L'idée même d'envisager par "la vicitme" un procès à mon encontre me parait démesuré et j'imagine qu'une professeure aussi talentueuse ne devrait pas avoir beaucoup de difficultés à démonter mon raisonnement de simple terrien. J’en profite aussi pour rappeler que ce blog permet aux lecteurs de commenter les articles publiés. Le droit de réponse existe donc, c'est d'ailleurs tout l'intéret du blog. On peut aussi me contacter par message privé en utilisant mon adresse mail, lisible en bas de page sur le site. Reconnaissons aussi que la tribune médiatique dont dispose madame Pelluchon dans Le Monde.fr offre à son auteur une audience sans commune mesure comparée à la pauvre fréquentation de ce site... Si mon opinion tranchée ne trouve pas l’adhésion du plus grand nombre, elle n’en reste pas moins une vision sincère. Je ne prétends pas y asséner des vérités, seulement mes convictions et mes doutes. Je n'ignore pas que s’exprimer c’est accepter de se tromper et que l'on peut être améné à reconsidérer ses positions car si je ne suis pas philosophe, la vérité et l'honnêteté m'importent aussi. Aujourd’hui, l’article de Corine Pelluchon ne me convainc toujours pas. Je préfère de loin le texte intelligent et pertinent de Georges Kaplan qui démontre de manière beaucoup plus convaincante qu'au contraire « Le capitaliste est écologiste par nature ».
Le raisonnable et lucide Michel Serres...
Si un philosophe doit être mis à l'honneur en ce début d'année, c'est bien Michel Serres. Son bon sens et sa reconnaissance des efforts entrepris par le monde agricole me rassurent et montrent que l'on peut être intellectuel et avoir une réflexion basée sur le concret de l'existant et éloigné des trop nombreux préjugés des bien-pensants déconnectés du terrain. Merci à Alerte environnement pour cette découverte réjouissante !
- Michel Serres -
« Aujourd’hui dans les médias, ce sont moins les agriculteurs qui parlent d’eux-mêmes que les écologues qui parlent en leur nom. L’agriculteur fait ce que l’écologiste dit. Mais c’est bien beau de dire. Ce qu’il faut, c’est faire ! L’un discourt et l’autre travaille »
Les publications de Science & Pseudo-Sciences (AFIS) et l'Institut d'Economique Molinari (IEM)
Deux textes m'ont particulièrement touché cette année passée, tous les deux sont issus des publications de l'Association Française pour l'Information Scientifique, j'espère que tout comme moi, leurs lectures ne vous laisseront pas indifférents...
- Ne pas éteindre la lumière du futur, par Jean-Marie Lehn
- La lumière jaillit-elle dans les salles obscures ?, par François Garçon
Tout récemment, je me suis rendu sur le site de l'Institut économique Molinari que je vous recommande sans plus attendre.
Sa directrice, Cécile Philippe, « s’intéresse aux questions d’environnement et cherche à mettre fin à un certain nombre de mythes, en particulier celui qui consiste à croire que réglementation et taxation vont de pair avec amélioration de l’environnement. »
Un peu d'humour...
Comme le bon goût m'ennuie terriblement et que l'humour et le rire me paraissent essentiels en cette période morose, pour vous, un petit dessin qui m'amuse beaucoup !