Un drôle de chien

Publié le par Alambic City

Cette journée là, je m’étais levé tard avec un mal de tête que les débauchés du samedi soir connaissent bien. Il était onze heures et demi, et je décidai, sans grande conviction, de sortir en ville pour y respirer un air un peu moins pollué que celui de mon taudis. En sortant de l’immeuble, je vis un chien sur le trottoir qui me regardait avec une drôle d’allure. Il m’observait comme s’il me connaissait déjà, comme ci entre lui et moi existait une longue histoire. Mais que me voulait-il ? Je ne parle ni le chien ni le chat… Alors comment savoir ce que semblait vouloir me dire ce chien. J’ai passé mon chemin et me suis retourné après avoir passé quelques commerces. Il était là, au loin, à me regarder partir sans lui, comme si je m’étais mal comporté à son égard. C’est vrai, j’aurais quand même pu lui dire un petit mot sympa comme «  Salut toi ! » ou, «  Bonjour le chien, oh oui, il est beau le toutou ! ». Mais non, rien… je suis passé devant lui surpris et muet comme une carpe. C’est dingue ça ! J’aurais été seul dans la rue encore… mais non, c’est moi et moi seul qu'il épiait. Je me disais « Je dois avoir un truc suspect. Bon allez, j’ai pas que ça à faire moi ! Si ça continue, je vais finir par devenir débile. ».

J’ai changé de rue. J’ai marché durant un quart d’heure et puis, je me suis assis à la terrasse d’un café. Je savourais tranquillement ma bière pression quand, tout à coup, j’aie eu l’étrange impression que quelqu'un me regardait. Je me détournai sur ma droite, et là, dans l’angle de la rue, le chien de tout à l’heure était assis tranquillement comme s’il attendait que je finisse ma boisson. La gorge nouée, je n’avais plus soif, j’avais peur. C’est étrange mais je n’étais pas tranquille, ce chien paisible me terrorisait. Je ne pouvais quand même pas hurler à l’agresseur, les gens n’auraient pas compris. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains et d’un air furieux, je me suis débarrassé de ma monnaie. Je me suis levé pour me diriger vers ce trouble fait. Je m’approchais de lui en le regardant fixement dans les yeux et lui demandai d’une voix basse et agressive : « qu’est ce que tu veux toi ?! » Le chien se releva et moi je reculai. Il se retourna et commença à faire quelques pas puis s’arrêta et me regarda à nouveau. Je décidai de le suivre à mon tour. Au bout de quelques minutes, le chien voyant que je le suivais, se mit à accélérer la cadence. Dix minutes plus tard, je courus comme un malade à la poursuite de ce chien lorsqu’en passant devant la rue Saint-Michel, il s’arrêta net devant une porte. Je connaissais cet endroit... J’appuyai machinalement sur des sonnettes de la porte d’entrée et du troisième étage, je vis Alex à sa fenêtre, un complice de dépravation nocturne que j’avais rencontré la veille, me demandant ce que je foutais avec son chien.

Texte 1998 

SDC10883

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L
<br /> Je ne me souviens pas avoir déjà lu ce texte, mais j'adore !<br /> <br /> <br />
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