Calligraphie
Un crayon posé sur la table, une main tremblante, hésitante à coté et une feuille de papier avide d’explications. On ignore combien de temps les doigts tiendront à battre la mesure sur une musique imaginaire, parfois agacés, parfois résignés. Le stylo noir, sinistre mais élégant coiffé d’une barrette dorée sur son capuchon, se meurt à vouloir épandre son encre sur une feuille encore pure comme un fou déverse des sacs de charbons sur un champ de coton. Les rayons du soleil de l’après-midi d’un mois d’août ennuyeux, silencieusement viennent effleurer la feuille endormie, et peu à peu l’envahissent d’une lueur étincelante. Le soleil pyromane, l’éclabousse de lumières chaudes pour la réveiller. Sa robe blanche, presque transparente, illumine de beauté. La page brûle alors d’impatience à rencontrer le stylo et se met à rêver de sa plume dansant sur elle comme une patineuse laisse son sillage sur la glace.
Finalement, la main cède et s’empare du crayon. Le pouce énergique, décapsule le capuchon qui sautille sur le sol. Enfin, Le stylo déchaîné par sa plume tourmentée, délivre dans son agitation sa plus belle calligraphie sur un terrain encore jamais foulé.
Texte 2000