Les vers de terre
Le monde agricole a pris conscience du précieux travail auxquel se livrent sans relâche ces jardiniers que Charles Darwin appelait à juste titre les premiers laboureurs du sol. Tout comme les autres organismes qui recyclent les éléments nutritifs du sol et stabilisent sa structure, les vers de terre, véritables tubes digestifs, participent à la santé du sol. Leur présence est donc un parfait indicateur de qualité de nos terres agricoles.
En creusant des galeries, ces ingénieurs du sol ingèrent la matière organique et minérale composée essentiellement de résidus de végétaux. Ces galeries contribuent à entretenir la porosité du milieu, ils jouent sur les transferts d’eau et d’air et améliorent ainsi la capacité d’enracinement des plantes. En mélangeant les différents horizons du sol, ils recyclent et fertilisent nos terres.
Pour l'ingénieur agronome, Claude Bourguignon, ce sont bien les vers de terre, qui en remontant l'argile à la
surface du sol pour le mélanger avec l'humus, qui sont les principaux acteurs du complexe
argilo-humique !
La métaphysique des tubes
Les limaces, araignées et lombrics appartiennent à la macrofaune : 100 au m² de dizaine à centaine de kilo/ha.
Il existe 13 espèces de vers de terre différentes. Ils sont hermaphrodites.
Ils sont moins nombreux dans les sables, les graviers et les sols acides. Les vers de terre respirent par la peau et
doivent rester humides pour survivre. Ils tendent à se déshydrater dans les sols qui demeurent longtemps secs.
La quantité globale de carbone est prépondérante à l’activité des lombrics. Les prairies sont plus garnies de lombric que les terres de grande culture.
Les vers de terre sont omniprésents dans les sols tropicaux ou tempérés (sauf quand ils sont très acides). Au sein de la diversité
d'organismes peuplant le sol, ils représentent le groupe dont la biomasse est la plus importante. Leur diversité taxonomique est très importante (3 627 espèces lombriciennes recensées en
1994 ; estimées à 7 000, voire beaucoup plus, au total). Leur présence varie selon les milieux. Ainsi on peut trouver 10 individus/m2 dans une forêt d’épicéas tempérée, 30 individus/m2 dans une prairie maigre, 250 individus/m2 dans une forêt de feuillus ou un
champ et jusqu'à 500 individus/m2 dans un pâturage. l’épandage de fumier solide de bovin, dans une proportion de 50 tonnes à l’hectare par année, augmente le
nombre de Lumbricus terrestris (anéciques) de près de 250 %. Des recensements montrent généralement que cette abondance est beaucoup plus réduite au sein des parcelles agricoles labourées et
monoculturales ou en présence de pesticides. En effet, depuis un siècle, certains terrains sont passés de 2 tonnes de vers de terre à l'hectare à 50 kg ou moins (source Wikipedia).
À l’exception de ceux qui vivent dans la litière à la surface du sol (surtout des vers du compost), les vers de terre (parmi lesquels on trouve le lombric) se développent lentement. Ils ne produisent en effet qu’une seule génération par année comportant au maximum huit cocons (= œufs de ver de terre). Leur durée de vie atteint entre deux et huit ans selon l’espèce. Les vers de terre qui ont atteint leur maturité sexuelle se reconnaissent à un bourrelet, un épaississement situé au tiers antérieur du corps appelé clitellum. C’est en mars-avril et en septembre-octobre que l’activité minière et reproductive du lombric est la plus intense. S’il fait très sec et chaud, les vers de terre font une sieste… si profonde que, comparable à l’hibernation des hérissons par exemple, elle est appelée estivation. Les vers de terre se réveillent alors de nouveau en automne quand il fait plus frais et plus humide. Quand il gèle en hiver, ils se retirent dans la partie non gelée de leurs galeries et se mettent alors «en veilleuse», et ils redeviennent actifs s’il y a quelques jours sans gel pendant l’hiver. Les vers de terre peuvent migrer dans les champs cultivés depuis des surfaces limitrophes intactes (par exemple des prairies naturelles). Le lombric (Lumbricus terrestris) peut franchir ainsi une vingtaine de mètres par année. (Source Bioactualité.ch)
Idée reçue !
un ver coupé en deux ne donne pas deux vers de terre. Par contre, le ver de terre peut survivre à des blessures suivant la position de la coupure par rapport à ses organes vitaux (la tête et les organes sexuels). Ces anneaux manquants sont alors reconstitués partiellement.
Les prédateurs
Dans la chaîne alimentaire, pour un bon non nombre d'espèce, les vers de terre épigés et anéciques représentent l'essentiel de leur nourriture. Ils constituent une ressource trophique pour les animaux de plus grande taille comme les oiseaux.
Les Poissons, lors du ruissellement causé par des orages profitent de cette source de nourriture.
A chacun sa fonction
Les vers épigés
Ce sont les plus petits, ils mesurent moins de 5 cm. Ils dégradent les débris végétaux présent à la surface du sol. Peu protégés ils subissent une forte prédation qu'ils compensent par une fertilité élevée 42 à 106 cocons par adulte et par an. Quand la nourriture est abondante et les conditions climatiques favorables, ils peuvent se multiplier très rapidement. Leurs cocons, qui résistent à la sécheresse, assurent la survie de l'espèce. Les vers de terre épigés jouent un rôle important dans le recyclage de la matière organique. On les utilise parfois de façon industrielle pour produire du « lombricompost » et pour traiter les ordures ménagères. Certaines espèces sont élevées pour servir d'appâts pour la pêche.
Les vers de terre endogés
Ce sont les moyens, ils mesurent jusqu’à 20 cm et représentent 20 à 50 % de la biomasse des terres fertiles. Ils vivent en permanence dans le sol où ils creusent un réseau de galeries horizontales petites et ramifiée. Ils digèrent la matière organique déjà dégradée incorporée dans l’horizon de surface du sol. Non pigmentés, ils ont une fécondité moyenne 8 à 27 cocons par adulte et par an. En période de sécheresse ils tombent en léthargie et on les trouve enroulés sur eux-mêmes. Les vers endogés présentent des modes de vie assez différenciés. Certains sont filiformes et s'installent le long des racines, d'autres forment des pelotes dans les couches profondes du sol, à proximité des drains, et filtrent l'eau dont ils séparent les particules organiques. Certains sont même prédateurs d'autres vers de terre !
Les vers anéciques
Ce sont les plus grands vers de terre. Ils mesurent de 10 à 110 cm. Inégalable mineurs de fond, ils vivent dans des galeries verticales et se nourrissent de la matière organique présente à la surface du sol. Ils forent des galeries verticales, jusqu’à trois mètres de profondeur dans un incessant va et vient entre les couches profondes et la surface où ils viennent se nourrir la nuit pour échapper aux prédateurs en restant prudemment accrochés par la queue à l'entrée de leur terrier. Les feuilles et les débris organiques qu'ils peuvent entraîner dans leurs galeries sont ingurgités avec de la terre.
Des trois groupes ce sont eux qui ont la fécondité la plus réduite 3 à 13 cocons par adulte et par an. En Europe tempérée les vers anéciques représentent 80 % de la masse totale des lombrics. En période estivale ils tombent en léthargie. Le plus grand vers anécique de la faune française dépasse 1 mètre de long.
Lumbricus terretris, appelé lombric ou ver de terre commun, creuse de profondes galeries dans le sol. Il s’agit des vers qui sont généralement vendus comme appâts pour la pêche.
Source Bioactualité.ch
Anéciques |
Endogés |
Epigés |
|
Définition |
Espèces qui creusent des galeries verticales et profondes |
Espèces qui creusent des galeries horizontales et superficielles |
Espèces qui habitent dans la litière de surface |
Habitat |
Toutes les couches du sol jusqu’à 3–4 m de profondeur (lœss limoneux) |
Couche arable (5–40 cm), sols minéraux humiques |
Dans la litière de surface, surtout dans les prairies et la forêt |
Grandeur |
Le plus souvent grands, 15–45 cm de longueur |
Petits ou jusqu’à 18 cm de longueur |
Petits, le plus souvent 2–6 cm de longueur |
Alimentation |
Tirent de grands débris de plantes dans leurs galeries d’habitation |
Débris de plantes mélangés à la terre de la couche arable |
Petits morceaux de plantes restés à la surface du sol |
Multiplication |
Limitée |
Limitée |
Forte |
Durée de vie |
Longue: 4–8 ans |
Moyenne: 3–5 ans |
Courte: 1–2 ans |
Sensibilité à la lumière |
Modérée |
Forte |
Faible |
Couleur |
Rouge-brun, tête plus foncée |
Pâle |
Globalement rouge-brunâtre |
Exemples |
Lombric, Ver à tête noire |
Octolasium lacteum, Allolobophora caliginosa |
Ver du compost, Ver rouge du marécage |
Source Bioactualité.ch
Le turricule
Les petits tortillons de terre qui révèlent la présence des lombrics sont les boulettes fécales composées de déchet de terre (mélanges de résidus de plantes, d’excréments de vers et de petits cailloux). Ces déjections du ver de terre, laissées auprès de l'entrée de la galerie, riches en matières nutritives fertilisent le sol et accélèrent les processus d’humidification. Ces petits monticules protègent les tunnels et servent de garde-manger.
Les turricules sont comptés sur des surfaces de 50 x 50 cm pendant les principales périodes d’activité des vers de terre (mars-avril et septembre-octobre):
- Jusqu’à 5 turricules: Faible activité lombricienne, le sol contient peu de vers de terre.
- 10 turricules: Activité lombricienne moyenne.
- 20 turricules et plus: Bonne activité lombricienne, le sol contient beaucoup de vers de terre.
L'action des vers de terre
Entretien de la structure du sol
Leurs tubes digestifs ingèrent, digèrent et excrètent la matière organique. La présence des vers
de terre maintient une structure du sol, dite grumeleuse, qui résulte du passage de la terre dans le tube digestif, des apports de différentes sécrétions et de l’action des bactéries et des
champignons. En incorporant, dans le sol la matière organique présente en surface, ils créent des complexes organo minéraux sous forme de micro-agrégats, le meilleur du sol.
En transformant physiquement et chimiquement des résidus végétaux sous une nouvelle forme plus décomposée. Ils
modifient le milieu par leur activité en mélangeant les différents horizons du sol : les vers de terre enfouissent dans les couches profondes du sol les éléments organiques prélevés en surface et
remontent à la surface la terre des couches profondes ingérée en même temps que les matières organiques.
L'agriculteur doit être conscient que protéger la population de vers de terre contribue à lutter contre l'érosion des sols et augmente leur fertilité.
Aération et drainage
Les galeries qu'ils forment favorisent le stockage de l’eau et limitent les risques de ruissellement en surface.
Ses longues galerie verticales contribuent à accroître la porosité du sol, en facilitant le déplacement de l’air et de l’eau. Les macropores formées par les tunnels des vers de terre communs facilitent le drainage et ont un effet positif pour le contrôle de l’érosion.
La porosité accroît la capacité de rétention de l’eau qui ne ruisselle pas ni ne s’écoule trop vite en profondeur laissant du temps à la micro-flore pour épurer l’eau avant qu'elle ne gagne les nappes souterraines.
Les racines des plantes se nourrissent des éléments minéraux préparés par les vers de terre et profitent des galeries pour pénétrer plus profondément dans le sol, la couche arable approfondie.
Le semis direct, technique agricole qui abandonne le labour, s'il respecte l'horizon de surface des lombric, exige en contre-partie l’utilisation de pesticides et plus particulièrement d'herbicides. Les galeries du lombric ouvertes en surface sont des voies préférentielles d’écoulement de l’eau et peuvent ainsi contribuer à la pollution diffuse par les nitrates et les pesticides.
Raisonner le travail du sol et réduire son tassement
Les lombrics réagissent au travail du sol et à la quantité de matière organique mise à leur disposition : leur nourriture.
Le travail du sol profond est défavorable aux vers de terre puisqu'il détruit les galeries, ou les blesse et incorpore dans le sol la matière organique de surface dont les vers de type anéciques se nourrissent.
Il faut éviter de travailler intensivement le sol aux périodes principales d’activité des vers de terre (mars-avril et septembre-octobre). Travailler les sols secs ou froids nuit beaucoup moins aux vers de terre parce que la plupart d’entre eux se sont retirés dans les couches profondes du sol.
Dans la vignes, la population des vers de terre est généralement bonne puisque le travail du sol n'est pas généralisé ou alors peu profond. Les viticulteurs qui souhaitent cultiver une allée sur deux dans leur vignoble dant le but de limiter la concurrence de l'herbe, doivent adapter des outils respectant au mieux les vers de terre. Ainsi les outils rotatifs comme le rotavator sont à éviter. Il est préférable d'utiliser des outils à dents comme le cultivateur, qui bouleversent la surface du sol sans trop la cisailler.
Les engins lourds, comme les enjambeurs, lorsque le sol est humide peuvent tasser le sol et nuire au développement de l'activité des lombrics. Les racines de surface de la vignes sont également compactées, ce qui handicape le bon fonctionnement de leur alimentation.
Bio indicateur de la toxicité des sols
Les pesticides ont peu d’effets sur leur développement, excepté en arboriculture où l’utilisation de pesticide est plus importante qu'en grande culture.
Parce qu'ils ingurgitent des quantités considérables de terre et de débris végétaux pour se nourrir, les vers de terre concentrent la pollution.
A proximité des routes on a trouvé dans les vers de terre des concentrations en plomb plusieurs dizaines de fois supérieures à celles du sol. La même chose a été observée pour le DDT, la concentration de ce polluant atteignant 150 fois celle observée dans le milieu.
Ainsi les vers de terre jouent dans le milieu terrestre le même rôle de concentrateurs de pollution que l’on observe en milieu marin chez les mollusques.
La concentration en cuivre mesurée dans certaines parcelles conduites en agriculture biologique a aussi pour conséquence la diminution des populations de vers de terre parfois moins nombreuses que dans des terres cultivées en agriculture conventionnelle.
Le lombric, c'est tendance !
Aujourd'hui, le lombric se retrouve souvent comme sujet majeur dans l'éducation à l'environnement et est associé aux différents projets : ver de compostage, recyclage ménager, écologie, traitement des déchets et de la pollution organique. Le terme "lombric" associé à un label, est la garantie d'une démarche bio environnementale : lombriculture, lombricompostage, lombricomposteur, agrilombric, lombricompost...
Sources et reproductions (copier-coller)
http://www.fnh.org/naturoscope/Faune/CrustVers/lombric/lombric.htm
http://www.aujardin.info/fiches/lombric.php
http://hyspace.free.fr/elombric/
http://www.agriculture-de-conservation.com/Les-vers-de-terre-veritables.html
http://paysan-bio.blogspot.com/2009/05/les-vers-de-terre-et-linra.htm
http://www.lavoieagricole.ca/content/imprimer.cfm?newsid=2405&catid=26
http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/livingsoil4.htm
http://dsne.chez-alice.fr/eau/RBVNET/RBV/FVDT.HTM#ali
http://longuevergne.free.fr/vers_de_terre.htm
http://www.bioaktuell.ch/fr/sol-sain-plantes-saines/biodiversite/ver-de-terre.html
http://www.naturewatch.ca/francais/wormwatch/about/anatomy.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumbricina
http://www.lombritek.com
http://www.agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/opvt_lombrics.pdf