Petite mise au point sur l'agriculture
Trop souvent, l'agriculture souffre de mauvaise presse. L'image qui est renvoyée d'elle est la plupart du temps infondée et discriminatoire. Dans ce mauvais traitement, les médias détiennent leur part de responsabilité. L'agriculture moderne fait peur à une partie de la population qui souhaiterait un retour à un mode de production plus artisanal. Pourtant, cette agriculture d'autrefois n'a plus sa place, cette vision nostalgique de l'agriculture est belle et bien révolue pour la plus grande partie de la production. Si les agriculteurs doivent continuer à progresser dans leurs évolutions agronomiques, techniques, réglementaires et environnementales pour répondre aux défis de demain en attendant, les accusations à charge sur les pratiques culturales et le monde agricole ne manquent pas :
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Les agriculteurs sont malades.
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On peut produire sans pesticide.
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Notre alimentation est bourrée de pesticides qui vont nous tuer.
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Il ne faut surtout pas boire l'eau du robinet, car elle contient des pesticides...
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A cause des lobbies industriels, les agriculteurs ne peuvent plus semer leur récolte.
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Les OGM, c'est contre nature !
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Les pesticides font mourir les abeilles.
Regardons de plus près toutes ces idées reçues...
Qu'en est-il réellement de la santé des agriculteurs ?
La plus grande étude épidémiologique mondiale jamais réalisée montre que la population agricole présente un meilleur état de santé que le reste de la population française. Ce bon état de santé s’explique notamment par une meilleure hygiène de vie (alimentation plus saine, activité physique). Les agriculteurs fument moins que le reste de la population.
Le risque de cancer est significativement plus faible dans la population agricole (-27 % de risque de décéder d'un cancer pour les hommes et -19 % pour les femmes).
Les agriculteurs ont aussi une plus longue espérance de vie que la moyenne des Français.
L'espérance de vie d'un agriculteur de 35 ans est de +44,6 années soit plus que celle d'un ouvrier (40,9), d'un inactif (30,4) ou de la moyenne des hommes (42,8). « Les hommes et les femmes de la cohorte (180 000 agriculteurs et ouvriers agricoles) ont, respectivement, moins de risque de décéder d'une maladie d'Alzheimer ou de Parkinson (-31 % et -36 %) d'un infarctus ou d'un AVC (-29 % et -23 %) ou d'une maladie respiratoire (-34 % et -36 %). »
Seuls certains cancers sont un peu plus présents, mais en général de façon non significative. Ces cas justifient une investigation plus poussée des facteurs de risque spécifiques à ce métier comme le soleil, les produits chimiques (fuels, pesticides, détergents, solvants), les poussières, les virus animaux... Concernant les cancers de la peau, cela s'explique assez facilement : les agriculteurs vivent plus au grand air que la moyenne de la population.
La toxicité des pesticides
Grâce à l'innovation chimique, les molécules d'aujourd'hui sont de l'ordre de 6 fois moins toxiques qu'il y a 65 ans selon le paramètre de la DL50 (mesure de toxicité aiguë en laboratoire). Dans le même temps, les doses d'utilisation ont été divisées par 25 depuis les années 1950 et sont passées d'un ordre de grandeur moyen de 2kg de substance active par hectare à environ 50g.
La DL50 est l'indicateur de toxicité aiguë le plus courant.
La Dose Létale 50 est la dose qui, administrée en laboratoire, tue 50% d'une population-test (rats ou souris). Plus la DL50 est faible, plus la substance est toxique !
Molécules naturelles ou de synthèse, certaines sont très toxiques, d'autres le sont beaucoup moins... Dans tous les cas, c'est l'usage ou « la dose qui fait le poison » :
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La caféine est 20 à 50 fois plus toxique que beaucoup de pesticides.
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Le suftate de cuivre, fongicide utilisé en Agricuture Biologique est plus toxique que de nombreux pesticides de synthèse.
Une agriculture sans pesticides ?
Une agriculture sans pesticides est possible, mais à condition d’accepter les conséquences désastreuses liées aux pertes de récoltes, car en l’absence de protection phytosanitaire sur les cultures, c’est aussi le retour assuré des famines qui se dessine.
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Grâce à l’agriculture moderne, la sous-alimentation dans le monde est passée de 30 % en 1980 à 13% en 2012, mais reste avec ses 870 millions de personnes sous-alimentés une triste réalité.
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En 2007, le directeur de la FAO déclarait que « Compte tenu des données et des modèles concernant la productivité de l’agriculture biologique par comparaison à l’agriculture traditionnelle, le potentiel de l’AB n’est pas suffisant, loin s’en faut pour nourrir le monde. »
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L’agriculture biologique nécessiterait de défricher encore plus de terre, accentuant ainsi la pression de l’homme sur les milieux naturels.
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L’agriculture biologique a recours elle aussi aux produits de protections des plantes, d’origine naturelle certes, mais néanmoins toxique pour leurs utilisateurs au même titre que ceux utilisés en agriculture conventionnelle.
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Les produits issus de l’agriculture bio ne garantissent absolument pas une meilleure qualité sanitaire ou gustative.
Un monde sans agriculture chimique ?
Dans le monde, sans protection chimique des plantes, c’est la production des 6 cultures principale (riz, blé, orge, soja et pomme de terre) qui chuterait. Il faut reconnaitre que la France ne serait pas le pays le plus exposé à une décision politique aussi absurde à moins que les populations défavorisées ne se révoltent jusque chez nous…
Le blé non traité réduirait jusqu’à 20 % de moins les récoltes actuelles : ce qui représenterait sur 5 millions d’hectares l’équivalent de la consommation moyenne de pain de 40 millions de Français sur 3 ans. La production de haricots destinés à l’industrie pourrait occasionner une perte de récolte allant jusqu’à 40 %. En l’absence de traitement fongique, les années de mauvaises conditions climatiques, le mildiou de la pomme de terre anéantirait la totalité des récoltes.
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L’AB n’est pas à l’abri de risque sanitaire…
La bactérie Escherichia coli qui a contaminé des aliments issus de l’AB est responsable de 53 morts et de 3971 malades en Europe. Ici, si le risque sanitaire n’est pas d’origine chimique, mais biologique, c’est bien l’absence de protection chimique qui a permis la prolifération de ce danger bactérien.
La contamination de farine de sarrasin biologique contaminée par des graines de datura est responsable de plusieurs cas d’intoxications, dont 18 hospitalisations. Le datura est une plante qui contient des alcaloïdes très toxiques dont le contrôle reste difficile en production biologique alors que son désherbage chimique permet une maitrise efficace en culture traditionnelle.
Les produits que nous mangeons sont-ils sûrs ?
Rappelons une chose importante, ce n’est pas parce que des analyses en laboratoires sont capables aujourd’hui de détecter des résidus chimiques dans notre alimentation que ces traces souvent infimes de résidus représentent un danger pour notre santé. Les méthodes de détection sont de plus en plus précises, la technologie actuelle permet de détecter des substances introuvables il y a une dizaine d’années.
Limite Maximale de Résidus : LMR
L’innocuité des résidus est évaluée avant toute mise en marché d’un produit phytosanitaire. La présence d’un résidu est considérée normale tant qu’elle ne dépasse pas une limite maximale autorisée (LMR) qui est publiée au journal officiel de la communauté européenne.
L’étude des expositions alimentaires aux substances chimiques de l’ANSES conclut que le risque lié aux pesticides peut être écarté pour la population. Cette étude réalisée est la plus importante au monde, elle porte sur 445 substances et couvre 90 % de l’alimentation des Français. 210 molécules n’ont jamais été détectées et 73 ont été trouvés dans moins de 1 % des 146 000 analyses.
Autorisation de Mise en Marché : AMM
Les produits phytosanitaires comme les médicaments avant d’être commercialisés sont soumis à une autorisation de mise en marché. Le dossier qui vise à établir les risques vis-à-vis du consommateur, de l’utilisateur et de l’environnement, regroupe plus de 300 études pour un investissement de l’ordre de 200 millions d’euros par molécule.
Ce dossier est jugé par des comités d’experts au niveau européen et français. Sa durée légale est de 10 ans. Ses conditions d’usages définissent ses champs d’applications (cultures autorisées, parasites ciblés, doses, délais avant récolte…)
Depuis 1990, c’est plus de 75 % des molécules disponibles qui ont été retirées du marché suite à l’application de critères d’évaluation plus exigeants.
Les pesticides que nous mangeons sont pour l’essentiel naturels.
Pour se protéger de leurs agresseurs, les plantes produisent des toxiques. Certaines de ces substances chimiques naturelles ont des toxicités très supérieures aux matières actives de synthèses, ce sont les mycotoxines ou les alcaloïdes.
99,99 % des substances chimiques ingérées dans l’alimentation sont d’origine naturelle. En moyenne, une personne ingère entre 5 000 et 10 000 pesticides naturels différents.
Un être humain ingère chaque jour en moyenne 1 500 milligramme de résidus naturels contre 0,1 milligramme de pesticides de synthèse dans cette même période. Ce qui représente environ 10 000 fois la dose de résidus d’origine chimique de son alimentation journalière.
Voir misconception n°4 dans http://toxnet.nlm.nih.gov/cpdb/pdfs/Paustenbach.pdf
«Dans une simple tasse de café, les produits chimiques naturels, connus comme étant cancérigènes chez les rongeurs, représentent en poids l’équivalent d’un an de consommation des pires pesticides de synthèse connus comme étant cancérigènes, alors que seulement 3 % des produits chimiques naturels contenus dans le café torréfié ont été correctement testés en termes de cancérogénèse.
Ceci ne signifie pas que le café ou les pesticides naturels soient dangereux pour la santé, mais que, simplement, les hypothèses faites sur les fortes doses chez les animaux pour évaluer les risques chez les humains à faibles doses nécessitent d’être reconsidérées. Aucun aliment ne peut être exempt de produits chimiques naturels connus comme cancérigènes chez le rat.»
« Paracelsus to parascience : the environmental cancer distraction », Bruce N. Ames, Lois Swirsky Gold, Mutation Research 447 _ 2000. 3-13. http://potency.berkeley.edu/pdfs/Pa...
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La qualité de l’eau du robinet
Au fil des années, les seuils d'analyse des laboratoires sont devenus de plus en plus bas : c'est pourquoi des pesticides et des particules polluantes y sont détectés dans l'eau. Cependant, les traces de ces contaminants chimiques détectés dans l'eau au seuil réglementaire européen ne mettent pas en danger la santé des consommateurs.
Les seuils réglementaires pour l'eau de boisson en Europe sont très stricts. Ils sont fixés indépendamment de la toxicité intrinsèque de chaque pesticide et sont plusieurs milliers de fois plus sévères que les normes préconisées par l'OMS, basées elles sur la toxicité de chaque matière active. Par ailleurs, les seuils varient selon les pays : sur certaines molécules, comme l'atrazine, l'Europe recherche des seuils 300 fois plus bas qu'aux États-Unis.
Le niveau fixé en Europe par molécule est de 0,1 microgramme (µg) par litre et de 0,5 µg/l pour la somme des traces de matières actives trouvées. 0,1 µg/l équivaut à la détection de seulement 1 g dans un tronçon de rivière qui ferait un mètre de profondeur sur un mètre de large et 10 km de long !
Une eau conforme n'est jamais exempte de matières polluantes. Elle est consommable à condition que leur concentration ne mette pas en danger la santé du consommateur.
En France, plus de 26 millions d'analyses ont été effectuées depuis 13 ans par les autorités
Elles montrent que 73 % des eaux de surface et 99 % des eaux souterraines sont conformes au seuil réglementaire établi pour l'eau de boisson, le seuil le plus exigent au monde.
Selon la Direction Générale de la Santé du Ministère des Affaires sociales, 97 % de la population a été alimentée en 2011 par une eau dont la qualité a respecté en permanence les limites de qualité fixées par la réglementation européenne en matière de pesticides qui est parmi les plus strictes au monde.
À chaque étape de son cycle, l'eau est contrôlée par les sociétés responsables du traitement de l'eau et les pouvoirs publics. L'eau brute prélevée et celle fournie aux usagers après traitement doivent toutes deux être conformes aux normes en vigueur. Sur l'eau du robinet, 63 paramètres sont mesurés. Dans les agglomérations importantes, plusieurs contrôles sont réalisés par jour et certains paramètres sont constamment suivis.
En matière de polluants d'origine agricole, les statistiques fournies par les autorités mettent en évidence des améliorations d'année en année. Par exemple, en Mayenne, département agricole majeur avec 9 % des actifs travaillant dans l'agriculture, l'eau non conforme concernait 23 % des habitants en 2001 contre seulement 0,7 % en 2010.
Un français utilise en moyenne 150 litres d'eau par jour.
L'alimentation en eau potable est assurée par près de 30 000 captages produisant chaque jour 18,5 millions de m³d'eau !
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Des règles très strictes pour prévenir les pollutions
Les zones de captages font l'objet d'une réglementation particulière. 3 périmètres de protection sont définis par le code de la santé :
Le périmètre de protection immédiate : C'est l'environnement proche du point d'eau. Il est acheté par la collectivité et est clôturé. Toute activité y est interdite sauf celle liée à la production de l'eau. Le périmètre de protection rapprochée : Un périmètre de quelques hectares, à l'intérieur duquel toutes les activités susceptibles de provoquer une pollution sont interdites ou soumises à des prescriptions particulières (constructions, rejets, épandages, etc.. ) ; Le périmètre de protection éloignée : il est créé si certaines activités sont susceptibles d'être à l'origine de pollutions.
L'activité agricole est soumise à des règles très strictes afin de limiter l'impact sur la qualité des eaux. Il est obligatoire par exemple de créer des bandes enherbées le long des cours d'eau.
Pour chaque produit phytosanitaire, des zones non traitées (ZNT) le long des points d'eau sont réglementairement définies. Elles vont de 5 mètres minimum à 100 mètres suivant les produits en tenant compte de leurs caractéristiques.
La gestion des fonds de cuve par épandage sur la parcelle après dilution ou par récupération sur des aires spécifiques est obligatoire.
Pour un particulier, l'équivalent serait un bac spécifique réservé au rinçage des verres ou des cuillères après leur utilisation pour un médicament.
Le Certificat d'obtention végétale : COV
Que ce soit en littérature, arts ou sciences, pour encourager la création, il faut la protéger. Et le domaine végétal ne fait pas exception. La création variétale exige en effet des investissements longs et coûteux. Sans un système équitable de protection, ces efforts seraient mis à mal, et les agriculteurs ne se verraient plus proposer des variétés sans cesse améliorées.
Deux systèmes coexistent pour protéger la création variétale : le brevet, tel qu'on le connaît dans les autres domaines et le certificat d'obtention végétale (COV), pensé spécifiquement pour le vivant. Le COV protège la création variétale (seul le « créateur » a le droit d'accomplir des actes tels que produire, vendre, etc.) mais laisse dans le même temps la variété libre de droits pour des travaux de recherche. En Europe, c'est ce système qui a été retenu pour protéger les nouvelles variétés créées. Seules les innovations biotechnologiques, par exemple une variété dans laquelle on a incorporé un gène naturellement absent de l'espèce, peuvent prétendre à une protection par brevet.
Il faut en moyenne 11 ans pour créer une nouvelle variété. Pour rétribuer ces investissements, des royalties sont prélevées sur les ventes de semences certifiées, par exemple 7,5 euros par quintal de blé tendre en 2011-2012 Chaque année, 400 nouvelles variétés sont ainsi inscrites au catalogue français. La France compte plus de 6 500 variétés potagères et agricoles
Les semences certifiées
L'agriculteur est libre de ressemer une partie de sa récolte. Dans le cas où il s'agit de variétés protégées, une participation financière aux efforts de recherche lui est demandée. Pour le blé, elle représente par exemple 20kg à l'hectare, pour un rendement moyen de 7 000kg. Les variétés tombées dans le domaine public (450 en France) sont par ailleurs libres d'utilisation.
En pratique, le recours aux semences de ferme n'est pas toujours possible car pour certaines espèces et variétés, la descendance ne présentera pas les mêmes caractères d'intérêt. L'agriculteur trouve souvent plus d'intérêts à racheter chaque année des semences certifiées. Cela lui permet de gagner du temps (il n'a pas à préparer ses semences, les trier, les manipuler, les stocker) et il est sûr de disposer de semences de qualité (pureté spécifique, variétale et faculté germinative).
Les semences certifiées sont en effet issues d'un processus de multiplication et de tri particulièrement contrôlé. Leur qualité est garantie par un certificat officiel apposé sur chaque emballage. Elles sont protégées contre les parasites par une technique d'enrobage de produits strictement maîtrisée, qui permet d'assurer une meilleure levée.
Les maïs, des variétés hybrides performantes
En maïs, quasiment toutes les surfaces en France sont cultivées avec des semences certifiées. La raison : les variétés les plus intéressantes aujourd’hui sont des variétés hybrides qui ressemées, ne permettent pas d'obtenir une descendance « équivalente » (rendement diminué de 20 à 30% et population hétérogène).
L'agriculteur a alors tout intérêt à acheter chaque année des semences certifiées plutôt que de ressemer une partie de sa récolte.
Cette caractéristique des variétés hybrides est due au modèle de sélection dont elles sont issues. La technique d'hybridation, née aux Etats-Unis au début du 20ème siècle, repose sur le croisement de deux lignées. L'avantage est l'effet d'hétérosis (hydride est supérieur à la moyenne des deux parents) mais l'inconvénient est que cet hybride donnera une descendance hétérogène.
Pour certaines espèces, comme le maïs, l'hybridation représente néanmoins la meilleure technique d'amélioration variétale à ce jour car l'effet d'hétérosis est particulièrement fort.
L'hybridation permet d'obtenir des variétés bien supérieures techniquement (rendement, qualité, résistance...) aux variétés issues des voies d'amélioration variétale classiques.
L'agriculture, un acte par essence contre nature !
Toutes les espèces que nous consommons aujourd’hui sont issues de l'amélioration des plantes, processus né il y a 10 000 ans, quand nos ancêtres ont commencé à vivre d'agriculture et d'élevage. Ils domestiquent alors les plantes sauvages et les adaptent à leurs besoins, en sélectionnant et ressemant de manière empirique les plus intéressantes. Depuis, le principe est toujours resté le même. Ce sont les méthodes et les enjeux qui ont évolué.
Le travail de sélection a permis d'adapter des plantes venues d'ailleurs à nos terroirs: artichauts, épinards et aubergines originaires d'Orient, ou encore tomates, pommes de terre et maïs qui nous viennent d'Amérique. Grâce à une meilleure productivité, une plus grande résistance aux maladies, aux ravageurs, au froid et à la sècheresse, les rendements ont augmenté et sont devenus plus réguliers, mettant fin aux famines en Europe.
La qualité n'est pas en reste. Fruits sans pépin, légumes plus goûteux ou croquants, blé mieux adapté à la panification. De nombreux critères ont été améliorés grâce à la main de l'homme.
Blé
Des rendements multipliés par 3 en 40 ans !
78% de blés panifiables supérieurs en 2013 contre 46% en 1997.
Tournesol
La teneur en huile est passée de 20% à 50%
Les variétés oléiques offrent un meilleur profil d'acide gras.
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L'amélioration variétale
L'amélioration variétale a commencé de manière empirique : les graines des « meilleurs individus » étaient choisies comme semences pour la culture suivante. Répétée de génération en génération, cette opération a permis d'améliorer les performances des cultures. La découverte de la sexualité des végétaux à la fin du 19ème siècle a permis d'améliorer cette méthode, en contrôlant les croisements.
Enfin, la découverte de la génétique à la fin du 19ème siècle, puis de la molécule d'ADN dans les années 1950, ont forgé la sélection variétale moderne qui permet de gagner un temps précieux.
Là où on estimait « à vue de nez » les critères de sélection, il est dorénavant possible de cibler les caractères d'intérêt d'une plante, grâce à des méthodes d'investigations précises.
Les biotechnologies représentent un outil de travail précieux pour les sélectionneurs, en leur permettant d'étudier précisément les fonctions des gènes. Dans le cas des OGM, les gènes d'intérêt sont directement intégrés dans le génome de la plante au lieu d'être insérés par des croisements successifs sur de nombreuses années.
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De la perte de biodiversité à l'inquiétant syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles
L'agriculture entretient des interrelations étroites avec la biodiversité : elle en bénéficie, elle la modifie, elle en est aussi créatrice en ouvrant les paysages. En tout état de cause, l'agriculture qui gère environ 50% du territoire en est dépendante et son rôle est donc fondamental dans le maintien de la biodiversité.
Les pesticides sont souvent tenus pour responsables de la perte de biodiversité. S'ils ne sont pas anodins, en cas de mauvais usage, leurs actions ne sont jamais irréversibles. De nombreuses données démontrent qu'une gestion adaptée des bords de champs, l'implantation d'inter-rangs en vigne ou de haies en zones humides et l'adaptation du travail du sol permettent de retrouver de bons niveaux de biodiversité sans mettre en cause la productivité. Ces actions positives sur la biodiversité sont d'ailleurs considérées comme des services écologiques que rend l'agriculteur à la société.
En revanche, de nombreuses autres études montrent que les destructions et modifications d'habitats naturels liées aux activités humaines telles que l'installation de routes, parkings, appelées « artificialisation des sols » sont à l'origine de pertes souvent irréversibles de biodiversité. C'est ainsi que l'équivalent d'un département français disparaît tous les 7 ans !
De nombreuses études mettent en lumière un déclin des insectes pollinisateurs et souvent les pesticides en sont tenus pour responsables.
Toutefois, il faut distinguer les abeilles domestiques des pollinisateurs sauvages. Ces derniers ont besoin de sites naturels de nidification et de ressources florales pour se nourrir soit, « le gîte et le couvert ». Ils sont affectés par la réduction des espaces naturels et la simplification des systèmes de cultures. Des aménagements fleuris permettent de restaurer les populations.
Concernant les abeilles domestiques, le nombre de ruches est passé de 1,3 à 1 million entre 2006 et 2010 en France. Au contraire, dans le monde, leur nombre a augmenté de 45%. Il n'y a donc pas de risque de disparition de l'abeille domestique. En revanche, l'élevage des abeilles est devenu plus complexe en raison de nouveaux parasites difficiles à maitriser tel que le varroa arrivé en France au début des années 80, de nouvelles maladies, des déficits de ressources alimentaires dans certaines zones agricoles et d'une intensification des méthodes de production apicole devenue fréquente en raison de la concurrence internationale.
«Ainsi, en Europe, comme en Amérique du Nord, meurent de très nombreuses colonies d'abeilles. Si le premier suspect a été une nouvelle classe pesticides (les néonicotinoïdes), des pays qui utilisent peu (la France) ou pas (l'Australie) voient aussi disparaître des ruches entières, ce n'est donc pas la seule cause. Un parasite (le varroa) joue un rôle, le nombre limité de plantes cultivées, des pesticides y contribuent peut-être, comme, et peut être surtout, la disparition d'apiculteurs expérimentés.
Certes la disparition des abeilles n'est pas encore pour demain, le nombre d'apiculteurs est, depuis 15 ans, stable en Amérique du Nord, mais il convient de chercher la cause de ces morts soudaines et, en attendant, trouver des solutions. Ainsi, Monsanto travaille sur une technologie qui interviendrait sur l'ARN du varroa et tuerait ce parasite.
J'imagine que pour certains écologistes politiques sauver les abeilles par la création d'un OGM parasite inventé par Monsanto doit être assez proche du cauchemar ; mais, en attendant le retour à des pratiques culturales anciennes et à la décroissance, pourquoi pas ?»
Extrait du livre Ils ont perdu la raison, de Jean de Kervasdoué.
Einstein et les abeilles
« Si l’abeille venait à disparaître, l’Homme n’aurait plus que quatre années à vivre » aurait dit Einstein. Cette citation circule très largement sur Internet depuis des années (essayez d’entrer « Abeilles » et « Einstein » dans votre moteur de recherche favori). Einstein est souvent appelé en renfort des causes les plus variées et les plus improbables, et les citations inventées sont légion. Les astrologues ont la leur, qui circule de site en site, et qu’Élisabeth Teissier a réussi à mettre en exergue de sa « thèse de sociologie », sans que personne dans le jury ne se pose la moindre question.
Le site (en anglais) http://www.snopes.com/ qui se fixe pour mission d’éclairer la réalité des rumeurs, légendes et canulars qui se développent sur Internet consacre un article au sujet. Aucune trace d’une quelconque mention des abeilles n’a été trouvée dans les œuvres d’Einstein. La citation, sans que jamais aucune référence ne soit donnée, est subitement apparue en 1994, dans un tract distribué lors d’une manifestation à Bruxelles organisée par l’Union française des apiculteurs, qui prêtait à Albert Einstein cette conclusion : « plus d’abeille, plus de pollinisation… plus d’homme ».
Il est bien entendu difficile, voire impossible, d’affirmer que quelqu’un n’a jamais dit quelque chose. Mais le simple bon sens suffit pour finir de se convaincre que la citation attribuée à Einstein est hautement improbable. Einstein était un physicien, pas un entomologiste. On peut se demander dans quelle occasion il aurait prononcé cette phrase. Par ailleurs, à l’époque d’Einstein, la mortalité des abeilles n’était pas encore un problème, rendant encore plus improbable cette citation.
Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue Science & psuedo sciences
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Sources et Copies
L'essentiel de cet article a été puisé dans la brochure « Agriculture et société, Réponses aux idées reçues » - réalisée par Syngenta.
D'autres éléments d'informations proviennent du livre de Jean de Kervasdoué, Ils ont perdu la raison ainsi que du site de l'Association Française pour l'Information Scientifique.