L'agriculture biologique, fausse piste politique et supercherie marketing
Pour vanter les mérites du bio, certains fanatiques naturalistes n'hésitent plus à recourir à des démonstrations douteuses et simplistes. C'est ainsi que circule sur internet le logo AB opposé au faux logo d'une Agriculture Chimique dont la lettre A de couleur rouge est affublée d'oreilles d'âne, désignant ainsi, un coupable tout trouvé : l'Agriculture conventionnelle qui, en ayant recours à des moyens chimiques, serait plus polluante et préjudiciable pour notre santé qu'une Agriculture Naturelle, tellement meilleure.
À l’évidence, le consommateur d’aliments bio est conditionné par un marketing redoutable qui le conforte dans ses croyances. En achetant des produits bio, il manifeste un choix de vie reposant sur des critères infondés puisqu'il paye plus chers des produits qui ne lui garantissent pas de meilleures qualités nutritionnelles, gustatives ou sanitaires que celles issues des cultures traitées avec des engrais minéraux et des pesticides de synthèses. Il est bon de rajouter que, l’agriculture biologique avec une empreinte écologique plus lourde, dans bien des cas, ne protège pas forcement mieux l’environnement.
Une alimentation plus saine ?
Si dans les autres pays européens l’agriculture bio est plutôt perçue comme plus respectueuse de l’environnement, en France, la première motivation d’achat repose sur la santé alors qu'aucune étude sérieuse ne démontre cette affirmation fallacieuse. Par le passé, les contaminations sanitaires étaient même justement d'ordre biologique (salmonelle, bactéries, champignons). Il est admis que le maïs biologique contient plus de mycotoxines cancérigènes (la fumonisine) que le maïs Bt modifié génétiquement dans le but de résister à des insectes parasites. Le paradoxe, c’est qu'en agriculture bio le risque de contamination par des bactéries et des virus pathogènes et divers parasites est supérieur aux produits agricoles conventionnels !
Petite mise au point également, beaucoup pensent à tord, que les engrais chimiques utilisés en agriculture conventionnelle se retrouveraient sous forme de résidus dans les plantes, or ces engrais minéraux de synthèse ne sont en aucun cas des contaminants chimiques. Les engrais chimiques ne laissent pas de résidus d’engrais dans les végétaux et ne sont pas toxiques pour notre santé. Ces éléments minéraux naturels (N, P, K et autre oligo-éléments) sont indispensables aux végétaux.
On désigne comme contaminants chimiques, les résidus de pesticides. Si les produits issus de l’agriculture conventionnelle ont théoriquement plus de résidus de produits phytosanitaires, il faut là encore relativiser leurs très faibles teneurs et leurs conséquences sur notre organisme. Rappelons que les doses retrouvées sur les fruits et légumes n’ont pas d’effets néfastes sur notre équilibre biologique qui est doté d'un mécanisme complexe de détoxification. Aussi, les toxines naturelles, pourtant présentes dans notre alimentation quotidienne, mais en faible quantité, sont en définitive sans répercussion sur notre santé.
Les risques liés aux pesticides pour la santé sont surestimés, quant à leurs bienfaits, eux, sont trop souvent sous-estimés. Paradoxalement, les cultures dont la protection du feuillage est assistée par des produits phytosanitaires offrent une production supérieure qui contient souvent moins de toxines que dans des productions naturelles.
Les cancers de l’estomac ont considérablement diminués depuis ces cinquante dernières années, ce qui est probablement lié à la diminution des mycotoxines dans notre alimentation, la sécurité des aliments industriels étant plus surveillée que les produits artisanaux d’autrefois. La nostalgie est souvent avancée par les détracteurs de notre société moderne, pourtant, notre espérance de vie a augmentée de 21 ans depuis 1960 dans nos pays développés. Ceci montre bien que notre mode de vie n’est pas aussi catastrophique que ce que prétendent les marchands de peur. Par comparaison, au Moyen Âge, les hommes mouraient de façon parfaitement naturelle à l’âge moyen de 35 ans !
Le bio, c’est bien meilleur !
C’est la variété, le stade de développement des plantes, le cycle de végétation, la saison et le climat qui déterminent les qualités organoleptiques des végétaux et ceci bien avant les modes culturaux. Pour les animaux, ce sont la race, l’âge, et l’engraissement des bêtes qui conditionnent ses qualités gustatives. Bien souvent, les variétés anciennes ont été abandonnées parce quelles n’étaient pas assez productives ou trop fragiles aux maladies. Faire la comparaison d’un poulet bio de 80 jours à un poulet d’élevage industriel de 40 jours n’est pas honnête. Une autre idée reçue et fortement ancrée chez le consommateur, les œufs d’élevage bio seraient meilleurs que les œufs d’élevage industriel. Pourtant, plusieurs études réalisées à l’aveugle ont révélé que ce n’était pas le cas. Et même si pour beaucoup c’est difficile à admettre, la valeur nutritive des œufs d’élevage est aussi équivalente aux œufs bio...
L’agriculture chimique nuit à notre environnement ?
En Europe, les pesticides mis sur le marché se dégradent à 90% dans l'environnement sur une année écoulée. Le cuivre utilisé sous forme de bouillie bordelaise est le principal fongicide anti-mildiou utilisé dans les vignobles bio. Ce métal lourd ne se dégrade pas et on constate même dans certains vignobles, des intoxications de la vigne liées à des teneurs trop élevées en cuivre dans le sol qui limittent l'activité des vers de terre. Les viticulteurs bio ont également recours à l’utilisation du soufre, une substance chimique pourtant loin d’être inoffensive. Les insecticides naturels ne sont pas non plus innocents sur l’environnement ou la santé des applicateurs. La roténone ou l’huile de neem, ont été longuement utilisées en AB avec des manipulations hasardeuses et des utilisations sans protection par des agriculteurs. Ces matières actives aujourd’hui interdites sont reconnues comme perturbateurs endocriniens responsables de la maladie de Parkinson.
Pour répondre de façon efficace aux besoins nutritionnels des plantes, les engrais chimiques permettent une alimentation sur mesure des végétaux. Des doses raisonnées d’engrais minéraux favorisent une croissance du végétal rapide alors que l’AB n’utilise que des engrais de type organique qui se dégradent plus lentement en libérant sur une plus longue période, les éléments nutritifs à la plante. Se limiter à des simples apports organiques a pour conséquence une perte des minéraux non utilisés par les végétaux (l’azote du fumier par exemple), ce qui entraîne des pertes de rendements à quantité égale d'engrais utilisés. Cependant, il faut reconnaître que dans des sols filtrants, les engrais chimiques sont plus facilement lessivables que des engrais d'origine organique. Mais du fumier ou du lisier épandu de manière excessive dans les champs peuvent contaminer encore plus les nappes phréatiques que des engrais de synthèse utilisés à des doses raisonnées. La pollution est souvent une question de concentration d'éléments, peut importe en fait si leur provenance est d'origine naturelle ou chimique. L'agriculture conventionnelle n'a pas de dogme, elle profite de toutes les formes d'engrais. En faisant le choix d'utiliser des fertilisants de synthèse pour favoriser la croissance du végétal, complétés d'apports d'engrais organiques recherchés pour leurs vertus restructurantes du sol, l'agriculture moderne rassemble tous les moyens efficaces pour optimiser une production de qualité.
Le rendement, le gros mot des paysans.
Pour beaucoup de citadins, la production intensive à haut rendement est synonyme de mauvaise qualité alors que la production à petite échelle avec des petits rendements est forcément un gage de qualité.
L’agriculture biologique enfermée dans un cahier des charges restrictif et souvent absurde produit parfois 50% de moins que l’agriculture raisonnée qui «dans ses démarches globales de gestion d'exploitation, visent, au-delà du respect de la réglementation, à renforcer les impacts positifs des pratiques agricoles sur l'environnement et à en réduire les effets négatifs, sans remettre en cause la rentabilité économique des exploitations.»
L’agriculture biologique pour obtenir le même niveau de production doit utiliser plus de surface alors qu'en France, l’urbanisation empiète des surfaces importantes chaque année de notre territoire. On voit mal comment notre indépendance alimentaire pourrait être assurée avec une telle agriculture. On peut même affirmer que les cultures bio sont aujourd’hui protégées par les agriculteurs conventionnels qui sont les seuls à pouvoir maîtriser correctement les populations d’insectes ravageurs.
Les défenseurs du bio exploitent la peur de l'agriculture conventionnelle qui pourtant nourrit les hommes.
Aujourd’hui l’alimentation d’origine AB représente à peine 1,5% des aliments consommés en France pour une surface agricole d’à peu près 2%.
Soyons lucides, de toute façon, l’agriculture bio est condamnée à rester un marché de niche et ne satisfera jamais une alimentation à grande échelle. Dans le cas contraire, ce serait une véritable régression pour l’humanité puisque cette agriculture n'est pas en mesure de nourrir les populations. Les défenseurs de l'agriculture bio dénoncent à tort l'agriculture conventionnelle en véhiculant des peurs souvent infondées sur l'utilisation des pesticides qui nuiraient à notre santé et à notre l'environnement. Le plus malheureux, c'est que l'opinion publique manipulée par la désinformation médiatique pousse les pouvoirs publics à soutenir l'AB. Le mouvement écologiste actuel anti-sciences, invoque le principe de précaution dès qu'une occasion lui est donnée de dénoncer les risques liés à l'apparition de nouvelles technologies, sans jamais avancer en contre partie les biens faits de celles-ci. L'exemple frappant de la campagne anxiogène anti-OGM est un exemple frappant de malhonnêteté journalistique.
L'agriculture rationnelle doit au contraire continuer à mettre tous les moyens modernes pour obtenir des produits de qualités, tout en respectant le mieux possible l'environnement. C'est grâce aux connaissances technico-scientifiques que nous parviendrons à progresser tous ensemble dans cette voie.
Sources