L'économie circulaire : un concept dangereux et malsain

Publié le par Alambic City

L'économie circulaire : un concept dangereux et malsain

par Bernard Beauzamy

avril 2017

 

On appelle généralement "économie circulaire" un ensemble de doctrines : recyclage des produits de toute nature, tri des déchets, réduction de la consommation, etc. L'idée de base est que l'espèce humaine doit minimiser son "empreinte écologique", c'est-à-dire la trace qu'elle laisse sur la planète.

Ce concept n'est jamais l'objet d'aucun débat ; pourtant, on le retrouve un peu partout sous les formes les plus diverses. Dans le programme de certains candidats à l'élection présidentielle, on lit « la meilleure énergie est celle que l'on ne consomme pas », slogan dépourvu de sens.

Or, comme nous allons le voir :

La Nature n'économise rien ; elle est, à toute échelle, un immense gaspillage;

Aucune civilisation, avant la nôtre, n'a mis en œuvre de telles théories ;

Ces pratiques sont fondamentalement malsaines ; elles nous mènent au chômage et au sous-développement.

 

1. La Nature

Les arbres donnent leurs fruits sans se soucier de savoir si quelqu'un va les manger. Ce qui n'est pas mangé pourrit, voilà tout ! Les êtres vivants naissent et meurent, sans se soucier de savoir si une autre espèce va en profiter. Les fleuves coulent, indifférents aux besoins de l'humanité, et si un cycle est maintenu, c'est grâce à une énergie extérieure (celle du Soleil).

A aucun moment, sur aucun sujet, la Nature n'a cherché à "optimiser" un quelconque process, à le rationaliser, à le rentabiliser au prorata d'un besoin quelconque. Faudrait-il limiter le nombre des pommiers, au prorata des besoins ? Amusante tentative de régulation !

Bien au contraire, la Nature lance en permanence d'innombrables essais, qui sont d'immenses gaspillages : telle espèce animale va pondre des milliards d'œufs, pour que quelques unités se développent.

La Nature fait en permanence apparaître et disparaître des espèces vivantes, sans aucun plan qui nous soit perceptible, et il faut une bonne dose d'arrogance pour en voir un !

Ce sont ces immenses gaspillages qui sont à l'origine de l'abondance et de la diversité de la vie sur Terre ; aucune planification n'y pourrait réussir. La Nature fait en permanence de nouveaux essais ; elle ne se contente pas de recycler des produits ou des espèces existants.

 

2. Les civilisations antérieures

Les civilisations qui se sont développées l'ont toutes fait par l'exploration et la conquête : exploration de nouvelles idées, de nouveaux moyens, de nouvelles technologies, conquête de nouveaux territoires. C'est tout le contraire du recyclage ! Aucune civilisation avant la nôtre n'a érigé le recyclage en vertu. On a toujours considéré comme une marque de progrès le fait de pouvoir disposer de produits neufs, de qualité supérieure aux produits anciens. Lorsque la réutilisation des produits anciens était indispensable (dans le cas des crises, des guerres), l'époque considérait cela comme une courte honte, dont il fallait se débarrasser au plus vite ; les difficultés surmontées, le progrès reprenait son cours. Les châteaux de la Loire, gloire de la Renaissance, n'ont pas été réalisés en recyclant les masures qui les ont précédés.

Une civilisation qui "réussissait" avait à cœur de le montrer, en construisant des monuments splendides et en organisant des fêtes. Les Grecs, les Romains, ont laissé des traces évidentes. Voltaire, dans "Le Mondain" (1736), écrit :

« Il est bien doux pour mon cœur très immonde

De voir ici l’abondance à la ronde,

Mère des arts et des heureux travaux,

Nous apporter, de sa source féconde,

Et des besoins et des plaisirs nouveaux. »

Il ne parle pas de recyclage, mais de plaisirs nouveaux ! « Le superflu, chose si nécessaire », dit encore Voltaire (op.cit.). Une jeune fille, qui se réjouit de son premier bal, se réjouira sans doute moins si on lui dit que sa robe est en tissu recyclé de seconde main.

Après la seconde guerre mondiale, le fait que chaque foyer puisse disposer de ses propres commodités (machine à laver, automobile, etc.) a été considéré comme un progrès ; on voudrait aujourd'hui prôner le covoiturage : régression.

 

3. Le recyclage : une pratique profondément malsaine

Un produit recyclé est évidemment moins cher qu'un produit neuf ; c'est l'évidence et les raisons sont multiples. La première d'entre elles est la recherche, composante du produit neuf, absente du produit recyclé. Ce dernier ne comporte évidemment aucune innovation d'aucune sorte.

Il est généralement de moins bonne qualité que son homologue neuf, pour plusieurs raisons :

Les normes évoluent vite, et les produits neufs sont obligés de les suivre ;

On maîtrise mal les processus de recyclage (fatigue des composants, tenue dans le temps, apparition de défauts, de fissures, etc.). On croit recycler "à l'identique", mais en réalité la résistance au vieillissement est beaucoup moins bonne ;

Un produit recyclé ne présente pas les mêmes garanties d'hygiène qu'un produit neuf, car on ne sait pas quelles opérations ont été menées pendant le recyclage.

Le meilleur exemple est celui des sacs de supermarché : jadis, on disposait de sacs à usage unique, destinés par conséquent à être détruits après usage. Mais ces sacs ont été interdits au nom de considérations bobo-écolo ; on emploie désormais des sacs réutilisables. A-t-on cherché à en évaluer la propreté, au bout de quatre ou cinq usages ? Il suffit de voir le degré de crasse des paniers en plastique dans les supermarchés pour s'en faire une idée !

Bien entendu, du point de vue du fabricant, le recyclage est une calamité : si on recycle indéfiniment des Peugeot 407, le constructeur vendra moins de modèles récents et ceci est évidemment source de chômage.

Le recyclage nuit à l'inventivité, à l'innovation : les ressources qui lui sont attribuées sont autant de ressources détournées de la conception de produits neufs. La compétitivité du pays va en souffrir, ainsi bien sûr que son image de marque.

Donc, par quelque bout qu'on le prenne, le recyclage est une calamité. Il n'est satisfaisant ni pour le producteur, ni pour le consommateur, ni pour le pays. On s'en accommode lorsqu'on ne peut pas faire autrement : si le pouvoir d'achat est trop faible ou si les approvisionnements font défaut.

 

4. Le rôle de l'Etat

On se demande vraiment, sur ces questions, de quoi se mêle l'Etat ; quelqu'un aura-t-il un jour le courage de dire à la Ministre ce que Cicéron disait à Catilina « jusque à quand abuserez-vous de notre patience ? ». Car enfin ce n'est pas le rôle de l'Etat que de décider si un produit doit être recyclé ou non.

Le rôle de l'Etat est de définir des normes de qualité et de sécurité, par exemple le respect de la chaîne du froid, l'hygiène alimentaire, etc. Si les industriels, dans le respect de ces normes, préfèrent utiliser des bocaux en verre ou des bouteilles en plastique, c'est leur affaire et celle des consommateurs. Pourvu que les normes soient respectées, les consommateurs sont souverains, et jugeront du prix et de la qualité.

Chacun a encore en mémoire l'absurde décision concernant les ampoules à incandescence ; les ampoules ordinaires ont été retirées de la vente et même interdites, toujours au nom de cette même idéologie bobo-écolo. Mais les nouvelles ampoules n'éclairent pas aussi bien (si bien que toute une génération souffre des yeux) et ne présentent pas la même longévité. La doctrine était celle des « économies d'énergie » ; mais pourquoi fallait-il économiser l'énergie ? Personne ne l'a jamais su. C'est un dogme.

 

5. Les trois piliers du sous-développement

Le sous-développement économique a trois piliers, comme la casquette du bouffon avait trois grelots : l'un est le recyclage, l'autre est le tri, le troisième est la parcimonie. Mais quand, pour les frotter, on cherche les oreilles des responsables, des Hulot, des Jancovici, on ne les trouve jamais. Ils ont « ouvert boutique effrontément », ces « cyniques brocanteurs sortis on ne sait d'où » (Victor Hugo, Poème à des journalistes de robe courte - Les Châtiments), mais on ne peut jamais les combattre : jamais de sanction électorale, jamais de débat !

Voilà un ensemble de doctrines absolument vide (un enfant le comprendrait !), évidemment nuisible au pays, mais qui parvient subrepticement, à la sauvette, à acquérir droit de cité. Nous savons que Voltaire est mort et que le Siècle des Lumières a disparu avec lui : nous avons eu le temps de nous y habituer. Mais on pouvait tout de même espérer que des doctrines aussi nuisibles et aussi sottes rencontreraient ici ou là une forme de contestation, même modeste, que subsisterait, ici ou là, un lumignon tremblotant.

Nous savons bien entendu que les journaux « pitres dévots, marchands d'infâmes balivernes » seront les premiers à présenter les absurdités comme des vérités et les régressions comme des victoires. Mais on aurait souhaité que les « think tanks », qui se veulent nombreux, aient quelques soubresauts, que les Académies réagissent, et que les Industriels, qui sont les premiers concernés, soient moins pusillanimes.

 

6. Le retour de l'âge d'or

Si, par la grâce des dieux et le vote des hommes, si un jour on voit l'Ademe dissoute et le Hulot proscrit, les vertus industrieuses reprendront droit de cité. S'accomplira alors l'antique prophétie de la Sibylle de Cumes :

Ultima Cuma ei venit jam carminis aetas

Bernard Beauzamy
PDG, SMC SA
111 Faubourg Saint Honoré,
75008 Paris
Bernard.beauzamy@scmsa.com
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S
Le contraire d'une erreur n'est pas forcément une vérité. Les foucades des écologistes ont contribué à un certains nombre d'erreurs de moyens, comme l'enfouissement (cachez-nous ce que nous ne saurions voir). Il reste que la population mondiale a explosé, que la consommation a suivi, que l'hygiène s'impose, et qu'une récupération de l'énergie potentielle des déchets est préférable à une pure perte. En matière de métaux rares, indispensables à l'industrie électronique, il y a des améliorations à obtenir.<br /> Le recyclage est, globalement, une valeur ajoutée.
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