J'ai récemment découvert le blog Le Vin Pas à Pas, site consacré à l’apprentissage de la dégustation et de la culture du vin que je conseillerai à tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances dans ce domaine passionnant. Je me suis retrouvé sur ce blog pédagogique et convivial, en tombant sur le titre d’un article «Comment nous avons tué les sols de la vigne». Cet intitulé accrocheur m’a fortement interpellé, sa lecture quant à elle ne m’a pas non plus laissé indifférent. Le titre du billet et les mots choisis pour attirer le lecteur étaient pour moi, une évidence, Claude Bourguignon, le prêcheur alarmiste, était derrière tout ça…
La première partie de l’article, explique très bien les bases de la formation du sol et de son fonctionnement. À l’exception du titre anxiogène, je recommande la lecture de cet article très bien construit, qui explique parfaitement et de façon simple, la formation du complexe argilo humique (CAH) à laquelle participent activement les vers de terre indispensables à son élaboration. Fort heureusement, l’auteur inspiré par l’approche de Claude Bourguignon reste plus confiant en l'avenir que l’agronome pessimiste…
« Vous allez apprendre dans cet article les clés pour comprendre comment se forme le sol, dans lequel la vigne puise les éléments qui la font vivre… et qui sont susceptibles de donner une typicité au vin. C’est ce qu’on appelle le goût de terroir.
Grâce à ces bases, je vous montrerai comment nous avons tué les sols de la vigne à cause de certaines pratiques agricoles… et comment cela joue négativement sur le vin produit. Mais comme je suis optimiste, nous verrons que tout n’est pas perdu et qu’il existe encore des vins de terroir ! »
Extrait de l'aricle "comment nous avons tué les sols de la vigne"
La deuxième partie dédiée à l’explication de « la mort des sols » me laisse un peu plus distant sur les arguments avancés. Les mots « tués les sols de la vigne», véritables marques de fabrique du lexique dramatisant de Claude Bourguignon me paraissent bien souvent excessifs et caricaturaux.
Comme le blog permet de laisser des commentaires, j'ai saisi cette possibilité de rassurer Yann en expliquant la réalité que je connais. Celui-ci a fait parvenir plus tard mon commentaire à Lydia et Claude Bourguignon qui ont répondu à mes allégations.
Olivier / 25 novembre 2013
Bonjour Yann,
C’est le titre terrifiant de votre article qui m’a amené à lire votre billet qui décrit bien par ailleurs et de manière pédagogique le principe de base du fonctionnement des sols en agriculture. Je savais déjà par avance que vous alliez citer Claude Bourguignon qui dénonce sans cesse la « mort des sols » agricole en France comme dans le monde. Son analyse intéressante mérite d’être écoutée, mais on peut aussi prendre du recul sur son discours anxiogène et caricatural. Aussi, je voudrais vous assurer, tous les sols agricoles ne sont pas morts dans notre beau pays, même s’il y a des zones qui s’appauvrissent en matière organique, il n’est pas question de le nier. En tant que viticulteur possédant des vignes sur différents types de sols, je peux vous affirmer que l’utilisation d’engrais chimique ne s’accompagne pas inéluctablement par moins d’humus. Je dirais même qu’en viticulture, il est souvent plus facile de maintenir un niveau de MO qu’en grande culture (restitution des bois de vignes, enherbement des allées, utilisation de composte économiquement plus envisageable…).
L’apport des engrais « chimiques » de manière raisonnée et sous différentes formes permet justement de répondre au mieux aux besoins de la plante. On peut moduler des apports d’engrais chimiques et organiques. Des apports d’engrais foliaires sont de plus en plus utilisés pour corriger des carences en fonction des climatologies observées (les années sèches, la vigne ne s’alimente pas de la même façon qu’une année humide).
J’attire également votre attention sur une idée reçue, l’itinéraire technique et le cahier des charges de la viticulture biologique ne garantissent absolument pas une meilleure activité microbiologistes des sols. La présence de cuivre dans les sols cultivés en Bio est souvent plus forte (utilisation de la bouillie bordelaise), le nombre de vers de terre moins nombreux et la présence de champignon est freinée par le fongicide naturel, le cuivre qui ne se dégrade pas contrairement aux autres produits phytosanitaires de synthèse…
Cordialement.
Yann / 17 décembre 2013
Bonjour Olivier,
merci pour votre message et vos commentaires. Je me suis permis de le transmettre à Claude et Lydia Bourguignon, afin d’avoir le retour de ceux qui pour moi sont LES spécialistes de la microbiologie des sols. Je me permets de le publier ci-dessous, avec leur autorisation :
Bonjour,
En vigne, depuis 20 ans , les apports d’azote ont effectivement baissés chez la plupart des vignerons ont fini par comprendre que l’azote provoquait la pourriture des raisins, mais ce n’est pas le cas en agriculture. D’autre part ce vigneron broie ses bois de taille ce qui n’est pas le cas de la majorité des vignerons. En moyenne depuis 50 ans la teneur en MO a baissé dans tous les sols d’Europe, vignes comprises. Cela ne veut pas dire que certains vignerons, en particulier les « bio », n’ ont pas su conserver leur MO. Le problème est que vous trouverez toujours une exception qui confirme la règle. Mais sur le plan scientifique, les engrais chimiques favorisent la minéralisation de la MO car ils favorisent les bactéries au dépend des champignons en baissant le rapport C/N. De plus la vigne est l’exemple type de la plante qui n’a pas besoin d’engrais car elle exporte peu.
À propos du cuivre, il est vrai que certains « bio » en utilisent de trop, mais ce n’est pas le cas de tous. Ce vigneron est de mauvaise foi, il généralise son cas particulier parce que cela l’arrange et il généralise des cas particuliers de « bio » mettant trop de cuivre car cela l’arrange aussi. C’est de moyenne qu’il faut parler en non pas généraliser des cas particuliers.
Salutation
Lydia et Claude Bourguignon
Directeurs du LAMS
Je vais ici, à mon tour développer ce que l'observation et l'expérience du travail de la vigne ainsi que les nombreux échanges entretenus avec d'autres viticulteurs et techniciens m'ont appris.
Travail du sol en viticulture ?
Je reconnais que le travail du sol trop profond favorise sa déstructuration. Le labour, en mélangeant la surface porteuse de l’humus en profondeur, perturbe l’équilibre de la décomposition naturelle de la matière organique par les vers de terre et les micros organismes. Cependant, un travail superficiel du sol (réalisé par des outils à dents), une allée sur deux comme il est souvent pratiqué dans le vignoble charentais ne me parait pas une pratique si irrespectueuse de nos terres viticoles. L’emploi du rotavator, qui avec ses fraises rotatives mélange en coupant la partie plus ou moins profonde de la surface du sol est un outil peu respectueux des vers de terre. Il est donc conseillé d’éviter son utilisation et se tourner plutôt vers l'emploi du cultivateur, du vibroculteur ou du disque… Maintenant, sur le terrain, ceux qui utilisent le rotavator (consommateur de carburant et long d'utilisation) dans leurs vignes toutes les deux allées, travaillent moins souvent la terre et réduise par la suite des passages avec ce type d’engin. Les vers de terre qui se trouvent au moment du passage de l’outil, en dessous de la zone travaillée ainsi que ceux présents dans la zone enherbée et désherbée ne rencontrent pas fatalement les couteaux de l'outil animé...
Pour avoir vu et écouté les conférences de Claude Bourguignon, celui-ci, fervent militant de l’agriculture bio (et biodynamie !) conseille fortement à ses viticulteurs responsables de cultiver le sol. Il reconnaît que pour produire, les vignerons bio n’ont pas d'autre choix que de limiter la concurrence de l’herbe consommatrice en eau (l’eau consommée par les adventices n’est pas utilisée par les racines de la vigne). Il explique aussi très bien que depuis l'antiquité, la vigne est le seul végétal dont l’homme coupe les racines pour inciter celles-ci à plonger dans le sous-sol, réserve de fraicheur et de minéraux responsables du goût de terroir. En « travaillant » le sol, le vigneron permet à la matière organique de se dégrader plus vite, permettant de forcer la minéralisation qui favorise ainsi la croissance de la vigne. Cette oxygénation amplifiée par le travail du sol, favorise l’activité des bactéries aérobies et des champignons qui se nourrissent de leur casse-croute favori : l’humus.
Je n’ai jamais entendu Claude Bourguignon proscrire le travail du sol en vigne alors que cette pratique aurait tendance à amplifier la dégradation de la matière organique si chère à ses yeux...
Dans la grande majorité des vignobles, les sarments sont restitués au sol et non brulés !
« D’autre part ce vigneron broie ses bois de taille ce qui n’est pas le cas de la majorité des vignerons. En moyenne depuis 50 ans la teneur en MO a baissé dans tous les sols d’Europe, vignes comprises. »
Le vignoble charentais compte pas loin de 80 000 hectares et de mémoire je n’ai jamais vu les viticulteurs charentais brûler les bois de vignes ! Même s’il est vrai que cette pratique a pu être mise en place à une époque par quelques vignerons dans les parcelles présentant des symptômes sévères de nécrose bactérienne, les pratiques « raisonnées » du broyage des bois de vignes sont celles de la « majorité » de mes confrères ! Le brulage des sarments en Bourgogne (qui a pour but d’éliminer par combustion les spores des maladies fongiques et virales) est peut-être une pratique courante dans le pays de nos deux agronomes, mais représente-t-elle pour autant une généralité en France où en Europe ? Bien sûr que non ! De nos jours, les bois de vignes dans leur grande majorité à l'exception de quelques fagots destinés au barbecue et au feu de cheminée finissent au sol, après broyage. Ces sarments partiellement émiettés entament alors la décomposition de leur biomasse, participant ainsi au cycle perpétuel du carbone…
La baisse de la Matière Organique (MO) dans les sols
Lydia et Claude Bourguignon affirment que :
« En moyenne depuis 50 ans la teneur en MO a baissé dans tous les sols d’Europe, vignes comprises. »
Si les terres argilo-calcaires de Charente sont plutôt bien pourvues en MO, il y a bien des vignobles où les climats plus arides sur des terres caillouteuses comme dans le sud de la France révèlent des sols moins généreux en MO. Que ce soit en Charente, plus haut dans le vignoble nantais et de la Loire ou plus bas dans le Bordelais, là où le sol le permet, l’enherbement limite l’érosion des sols et contribue au maintien de cette MO. La restitution des bois, l’apport d'amendement organique sont des pratiques courantes dans les vignobles français. Quelle quantité de MO est nécessaire pour obtenir « un sol vivant » pour Bourguignon ? Quel serait par exemple l'intérêt de viser un seuil supérieur à 2,5% de MO ?
La variabilité des terroirs et le secteur géographique d'où découle une production spécifique conditionnent les pratiques culturales qui doivent prendre en compte la préservation de cette MO. Les sols des vignes du Languedoc, ne ressemblent pas à ceux du vignoble de la Loire et sont donc des problématiques différentes selon les secteurs géographies où la vigne est cultivée.
Ceci étant, la situation est-elle aussi catastrophique que le prétend Claude Bourguignon ? Non, je ne le pense pas et en faire une généralité ne me parait pas très honnête...
Le test de la pointe du piquet, c’est quoi cette blague ?
« Au passage, avez-vous déjà observé l’aspect d’un vieux piquet enfoui dans le sol ? Si vous observez la pointe du piquet, vous constaterez qu’elle est intacte, pas du tout décomposée.
Cela illustre bien ce qu’on a dit plus haut : ce qui est enfoui n’est pas décomposé en humus, car les champignons ne bossent pas quand ils sont privés d’air.
Voilà donc comment le labour empêche la création de l’humus. »
Extrait de l'aricle "comment nous avons tué les sols de la vigne"
Sur ce coup-là, Yann, l’auteur, manipulé par l’argumentation fallacieuse de Claude Bourguignon aurait mieux fait de questionner les viticulteurs, ceux qui travaillent sur le terrain et qui doivent changer par nécessité les piquets soumis à l’épreuve du temps... Si les piquets en bois ne subissaient plus de détérioration au contact avec le sol mort, pourquoi alors les viticulteurs remplaceraient-ils donc leurs traditionnels piquets en bois par des piquets métalliques aujourd’hui ? Si la pointe des piquets était aussi robuste, pourquoi les vignerons renouvellent-ils autant de piquets à l’hectare dans la concrète réalité ? Il est vrai que la machine à vendanger dans les vignobles où elle est employée ne favorise pas leur durabilité. Des accidents peuvent aussi être responsables de casse, c'est vrai aussi. Mais quand même, la pointe du bois n'est pourtant pas imputrescible et finie tôt ou tard par être complètement décomposé dans la terre ! La résistance dans le temps des piquets de châtaigniers est bien connue pour être moins bonne que les piquets en bois d'acacia. Les piquets en pins injectés de produit fongique, par traitement autoclave, limitent cette dégradation par les champignons et améliorent leur longévité dans le temps… Le fastidieux remplacement des piquets dans les vignes en production varie en fonction des différences de millésimes observés (sécheresse, pluviométrie). Sur les exploitations, ce poste représente une charge importante, c'est pourquoi, aujourd'hui, les vignerons acceptent de payer plus cher des piquets en fer galvanisé qui résisteront durant toute la durée de la vigne.
Bourguignon préfère le bio...
« Cela ne veut pas dire que certains vignerons, en particulier les « bio », n’ ont pas su conserver leur MO. Le problème est que vous trouverez toujours une exception qui confirme la règle. Mais sur le plan scientifique, les engrais chimiques favorisent la minéralisation de la MO car ils favorisent les bactéries au dépend des champignons en baissant le rapport C/N. De plus la vigne est l’exemple type de la plante qui n’a pas besoin d’engrais car elle exporte peu. »
Depuis que j’ai entendu Claude Bourguignon, j'ai bien compris que c’est surtout la culture biologique qui permet de mieux conserver la MO et offre une meilleure activité biologique. J’aimerais pouvoir avoir accès à des études sérieuses et menées sans parti pris qui confirmeraient ces affirmations.
La viticulture biologique n’a pas l’exclusivité des amendements organiques, mais en revanche, la viticulture conventionnelle ne se prive pas de chimie lorsque celle-ci est utile pour corriger des carences ou pour apporter de façon plus cibler des corrections minérales.
Comme en bio, des sols acides en culture conventionnelle peuvent recevoir des apports de chaux magnésiennes (dolomie ou lithothamne). L’expérience montre que sur le long terme ces apports de calcium améliorent le pH du sol. Ce type d'amendement calcique rend les sols moins battants, mieux fournis en activité lombricienne (le calcium est nécessaire au métabilisme des lombrics) avec une résistance accrue à la sécheresse (meilleure assimilation des minéraux par la plante). La vigne se moque bien du viticulteur bio ou conventionnel, par contre, enracinée dans les terres de doucins, elle ne pourra qu’apprécier ces apports d’engrais minéraux et organiques…
Les viticulteurs charentais savent très bien que sans engrais, sur le long terme, la production de vin sera fortement compromise ! Actuellement dans le Cognaçais, les quotas de production importants ne peuvent être réalisés sans engrais ni absence de protection phytosanitaire ! Dans les autres vignobles qui élaborent des vins de bouche à des rendements plus faibles, les besoins de la vigne nécessitent tout de même des apports couvrant au moins les exportations des différents éléments minéraux pour ne pas voir les sols s'appauvrir à terme...
Sur une bonne partie des vignes charentaise enracinée dans les terrains argilo-calcaire, je ne suis pas certain que la situation décrite par Lydia et Claude Bourguignon soit la réalité observée. Si les sols étaient morts, si les viticulteurs inconscients avaient tout détruit, comment se fait-il que malgré les incidents climatiques constatés, les viticulteurs-bouilleurs de cru de la région de Cognac arrivent encore aujourd’hui à produire des vins de qualité destinés à l'élaboration du Cognac et du Pineau des Charentes ? Certainement, grâce aux interventions humaines plus qu’au laisser faire…
Les vers de terre survivent malgré les interventions de l'homme
Ce qui me frappe toujours, c'est de voir dans les vignes, à l'automne, ces multitudes de turricules formées par les lombrics dans les vignes qui ont pourtant reçu des fongicides, des insecticides, des désherbants, des engrais chimiques. Les observations sur le terrain contredisent fort heureusement le catastrophisme de Claude Bourguignon. Dans les vignes conventionnelles, les vers de terre survivent non seulement aux contaminants chimiques, mais le plus surprenant, ils résistent aussi au catéchisme de Claude Bourguignon !
La viticulture biologique et les concentrations en cuivre dans les sols
« À propos du cuivre, il est vrai que certains « bio » en utilisent de trop, mais ce n’est pas le cas de tous. Ce vigneron est de mauvaise foi, il généralise son cas particulier parce que cela l’arrange et il généralise des cas particuliers de « bio » mettant trop de cuivre car cela l’arrange aussi. C’est de moyenne qu’il faut parler en non pas généraliser des cas particuliers. »
J’ai vu comment Lydia et Claude Bourguignon sont gênés sur la question du cuivre et de la phytotoxicité qu'il occasionne parfois sur les sols viticoles cultivés en AB. Les viticulteurs qu'ils soient en bio ou conventionnelle sont confrontés aux mêmes soucis, ils doivent protéger leur production végétale coûte que coûte. Le cahier des charges restrictif en bio, ne permet que l'utilisation du cuivre pour lutter contre le mildiou. Ce fongicide de contact, pourtant performant connaît ses limites les années de forte pression parasitaire. Le sulfate de cuivre, pulvérisé sur le feuillage des vignes se retrouve lessivé après une pluie de 20 millimètres. Les années de fortes précipitations, les bio sont contraints de traiter plus souvent, ils ne peuvent faire autrement pour contenir la maladie. Lors de la croissance végétative de la vigne, avec des météos favorables au développement du cryptogame, cette matière active peut stresser le végétal et se révéler insuffisante pour assurer une protection satisfaisante. Des études montrent bien que de manière générale, en viticulture bio, les sols se retrouvent plus concentrés en cuivre qu’en viticulture conventionnelle qui utilise d’autres molécules issues de la fabrication de synthèse, souvent plus respectueuses de l’environnement. La pollution, c’est la concentration.
Les phosphites seraient pourtant une alternative intéressante à l'utilisation du cuivre métal en viticulture biologique. Par pulvérisation, ces composés d'acides phosphoreux sont absorbés par les plantes et agissent comme agents systémiques antifongiques. Classés dans la catégorie des Stimulateurs de Défenses Naturelles (SDN), ces produits ont des propriétés phytosanitaires reconnues contre la lutte du mildiou. Alors pourquoi la viticulture biologique se prive t-elle de cet engrais phytostimulant et fongicide présentant de faible risque pour l'environnement ? Tout simplement parce que le phosphite de potassium est un produit systémique issu de la fabrication de synthèse...
Qui est de mauvaise foi ?
Non, tous les sols d'Europe ne sont pas morts, monsieur Bourguignon, car s’ils l’étaient rien ne pousserait sur des sols inertes. Et si les engrais de synthèse n’étaient que des stérilisants chimiques, pourquoi leur utilisation sur les terres pauvres d’Afrique améliorent-elles l'existence de leurs populations défavorisées souvent victimes de malnutrition ? Ce sont bien les engrais chimiques, les semences génétiquement améliorées, les déserbants de synthèse et le début de la mécanisation qui font reculer les famines. La déforestation qui a permis à l'Europe de se dévelloper est mal perçue par nos sociétés riches lorsqu'elle à lieu en Afrique. Alors que là encore, bien gérée l'exploitation forestière apparait comme la solution pour lutter contre la famine et la désertification.
Non, je ne crois pas qu'un sol bien pourvu en matière organique avec une forte population de micros-organismes et de lombrics, puisse régler tous les problèmes de la production végétal. Cet objectif agronomique souhaitable n'empêchera pas pour autant la prolifération des parasites et des insectes ravageurs qu'il faudra bien à un moment donné maitriser avec des pesticides.
Oui, cela m’arrange comme beaucoup de mes confrères de pouvoir restituer aux sols mes sarments de vignes, d’employer des engrais organo-mineraux qui feront pousser mes plantes et amélioreront l’activité microbienne et la population en lombrics (les engrais font pousser l'herbe qui participe à la création de l'humus, garde-manger des lombrics...).
Oui, ces produits phytosanitaires, en traitant moins souvent qu'en protection biologique les années de forte pression parasitaire, m'offrent aussi plus de flexibilité et de souplesse dans mon travail.
Non, je ne pense pas que les produits « naturels » soient moins dangereux que les produits issus de la fabrication de synthèse. Les deux peuvent être parfois extrêmement toxiques pour l'homme et je n'ignore pas que ces poisons sont nécessaires pour pouvoir espérer une récolte en quantité et qualité suffisante. Je sais que sans chimie, c'est la pérennité des exploitations qui est menacée et je connais aussi, la désinformation médiatique qui est véhiculée sur les pesticides.
Non, l'agriculture biologique n'est pas forcement plus respectueuse de l'environnement. Car si l'on reporte la quantité d'intrants et d'énergie nécessaire à la fabrication par unité produite, le bilan écologique n'est pas systématiquement en faveur de cette agriculture.
Claude Bourguignon a-t-il encore les pieds sur terre ?
Le scientifique Claude Bourguignon milite aujourd’hui pour la viticulture biodynamique qui est une approche irrationnelle fondée sur des croyances, mais absolument pas sur des preuves objectives. Ceci m'inquiète profondément. J’avais de l’estime pour ce personnage qui parle très bien de ce qu’il connaît le mieux : la vie du sol. Pour le reste, je laisse aux autres apprécier ces inepties qui ne reposent sur aucune vérité scientifique. Sa contribution aux documentaires angoissants le dresse au hit-parade médiatique des agronomes, mais ne l'honore pas pour autant. Ses affinités avec Gille-Éric Séralini et Corinne Lepage, le discréditent.
Claude Bourguignon a longtemps gardé la tête dans le sol, mais il a fini malheureusement par la relever un peu trop haut. Il va devoir regarder un peu moins la lune et les nuages pour repositionner l’intelligence de son regard au niveau de la production végétale qui en a tant besoin. Car, comme Jean-Marie Pelt prétend combattre le mildiou de la vigne en excitant des protéines par des vibrations musicales, Monsieur Bourguignon est en train de sombrer dans l’obscurantisme d’une religion douteuse. La biodynamie repose plus sur des pratiques ésotériques faisant appel à des invocations d’ondes positives lunaires et du cosmos, que sur une science avérée. Cette dérive agronomique sectaire ne fera que régresser les connaissances agricoles et décevra les attentes de toute la profession.
Vive la science et le progrès technique !
Le monde agricole qui doit toujours produire plus et mieux, réclame des résultats probants de la recherche scientifique. Comme les paysans rationnels et lucides, je sais que les défis de l'agriculture de demain ne seront relevés que par une filière motivée et engagée dans une démarche de réussite globale. Pour y parvenir, nous avons besoin d'être accompagnés par de solides appuis techniques et des outils scientifiques crédibles.
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