Faut-il proscrire le geste auguste du semeur ?
On peut rêver d'un pays dont l'économie serait compétitive et qui, en même temps, assurerait un haut niveau de qualité de vie pour l'ensemble de ses citoyens. Malheureusement, en France, pendant les vingt dernières années, les efforts inutilement déployés pour améliorer la qualité de vie n'ont réussi qu'à gravement dégrader la compétitivité. Voyons cela sur les deux thèmes principaux : les transports et l'énergie.
1. Les transports
On incrimine les transports, présentés comme responsables de problèmes de santé publique. Cela résulte toujours d'études, de modèles mathématiques élaborés pour la circonstance et contredits par les faits : la France est l'un des pays au monde où l'on vit le plus vieux.
Les transports sont nécessaires, aussi bien pour les salariés qui vont travailler que pour l'apport de biens de consommation à tous les habitants ; ils ne peuvent être limités. L'idée selon laquelle on devrait systématiquement développer des transports collectifs est absurde : les salariés, par exemple, n'habitent pas tous au même endroit, ne commencent pas à la même heure, ne finissent pas à la même heure. Un véhicule individuel sera, dans bien des cas, beaucoup plus rentable, beaucoup plus économique, qu'un bus vide ou qu'un train vide.
L'idée selon laquelle on peut remplacer l'automobile individuelle par des moyens de déplacements «doux» est tout simplement grotesque. Le vélo n'est adapté qu'aux jeunes, sur de courtes distances, sans charges à transporter, et seulement si les conditions atmosphériques s'y prêtent. Un salarié habitant à 50 km de Paris ne peut venir travailler à vélo.
Qu'une ville pénalise l'automobile, comme c'est le cas à Paris actuellement, et les entreprises vont partir. C'est ce qu'ont fait, très récemment, deux très grosses entreprises : Veolia, qui était avenue Kleber et qui est maintenant à Aubervilliers ; Peugeot a quitté l'avenue de la Grande Armée pour Rueil Malmaison.Très bien, me direz-vous, autant de pollution en moins. Les entreprises polluent et il faut appliquer le principe «pollueur-payeur.» Principe grotesque, élaboré par les bobos-écolos pour théoriser leurs doctrines.
A Paris, ni Veolia ni Peugeot n'avaient d'activité industrielle, pas plus que la SCM, mais tous nous assurons des emplois et payons des taxes. Si les entreprises partent, les bobos-écolos vont devoir chercher ailleurs des stages et des emplois pour leurs enfants et pour leurs proches. Ils prendront le métro et feront une heure et demie de transport dans chaque sens. La ville sera plus propre ! Bel exemple d'une caste qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez et qui sacrifie l'activité future, y compris celle de ses enfants, au bénéfice de son intérêt immédiat : parfait exemple d'égoïsme.
2. L'énergie
Le second sujet est l'énergie : on assure que les lignes à haute tension sont mauvaises pour la santé, tout comme les centrales au charbon et les centrales nucléaires. Seules les éoliennes et les panneaux photovoltaïques trouvent grâce aux yeux des bobos-écolos, garants autoproclamés de la santé publique.
Monstrueuses balivernes : il n'y a pas plus de malades au voisinage des lignes HT, des centrales au charbon, des centrales nucléaires, qu'ailleurs dans le pays. Nous avions un système de production d'énergie de bonne qualité, qui assurait une production toujours disponible à un coût raisonnable ; on le remet en cause au nom de préoccupations de santé publique dépourvues de fondement. Le coût de l'énergie augmente : la compétitivité de nos entreprises en souffre.
Les panneaux solaires et leurs constituants (terres rares) sont fabriqués en Chine. Arrêter une centrale nucléaire qui fonctionne (Fessenheim) est absurde : nous serons obligés d'acheter à l'étranger du courant fabriqué grâce au charbon. Réduire les émissions de CO2 de nos industries est absurde : les fabrications sont délocalisées ailleurs et nous perdons les emplois correspondants.
3. Le geste auguste du semeur
Les lois de la Nature existent et se moquent des incantations des bobos-écolos. Le carbone est présent dans tout le cycle de la vie. Vous avez réussi à convaincre la population que le carbone était mauvais pour la santé ? Grand bien vous fasse !
«L’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas» rappelle la Directive Européenne sur l’Efficacité Énergétique : consternante sottise ! Une civilisation a besoin d'énergie pour se développer. Le cultivateur derrière ses bœufs ou aux commandes de son tracteur, le geste auguste du semeur, tout cela émet du CO2 et consomme de l'énergie. Les bobos-écolos sont bien contents de trouver du maïs bio sur les rayons de leur supermarché, en oubliant que d'autres ont travaillé pour l'y mettre.
Le travail des autres s'appelle maintenant gêne, nuisance et pollution. Je ne puis continuer à croire à la fuite utile des jours.