The JB's cognac !
Il n'y a pas si longtemps, Jacky Bodin un copain tout près de chez moi, distillait au feu de bois comme le faisaient nos grands-parents. Et puis, il a fini par abdiquer face au confort du gaz propane. La moitié de l'eau-de-vie produite dans sa distillerie est destinée à la fabrication de Pineau que Jacky commercialise en tant que vendeur direct sur son exploitation, les foires et les marchés. Voir s'éteindre un vieil alambic fait naître un petit pincement au cœur qui marque la fin d'une époque où le rapport au temps sur l'homme pouvait paraître plus élastique.
Le bouilleurs de crus « au feu de bois » (aidé aussi parfois par des briquettes de charbon plus précises pour réguler le foyer) était toujours très près, jamais trop loin de la distillerie. Il fallait alors veiller à ce que le feu soit toujours bien actif, le bois prenait alors une place primordiale dans l'esprit du distillateur souvent en manque de sommeil, esclave de ce combustible lourd, volumineux et salissant.
Le distillateur était en contact permanent avec le cuivre, le feu et l'eau. La paume du distillateur guidait le flux de chaleur durant la mise au courant, aujourd'hui remplacée par des sondes thermostatiques. L'œil expérimenté contrôlait sans cesse l'intensité de la braise et la main corrigeait l'ouverture du registre de la cheminée tout au long de la journée et de la nuit. La température de coulage au porte-alcoomètre était ajustée manuellement par un filet d'eau qu'il fallait plus ou moins laisser couler en jouant délicatement sur le robinet...
Et puis, il s'agissait de dégager les cendres du foyer et de ramoner les tours à feu régulièrement encrasser par la suie. La cheminée, les jours de grand vent tirait beaucoup moins bien et décalait les cycles de distillation.
Non, je ne pense pas que Jacky regrette son vieil alambic même si à la vue des factures de son fournisseur de gaz, il tousse aussi fort que lorsqu'il nettoyait sa cheminée de fines poussières de suie. Bien que les automates ne fonctionnent pas toujours aussi bien que dans les livres, quel plaisir de n'avoir qu'a tourner une molette pour réguler l'allure de chauffe ! Le passage au gaz, a diminué considérablement les contraintes du distillateur, les chauffes sont beaucoup plus régulières et la qualité des eaux de vie qui en découle plus constante. Il faut reconnaître que les cognacs produits dans ces petites chaudières, de par leurs surfaces en cuivre plus importantes, étaient souvent d'une grande finesse.
Nostalgie tu me fais de la peine mais reconnaissons que parfois la modernité peut paraître presque aussi douce que ma femme !
Cliquez sur l'image pour visualiser l'album photos
Un grand merci à Yoahn Eveno qui m'a transmis les photos de 2008 du temps où Jacky envoyait du bois !
Et pour finir, voici une petite chanson pour réchauffer vos cœurs à l'approche de Noël.